La Comtesse aux pieds nus,

film de Joseph Mankiewicz (1954)



Avis général : 5.5/10
:-) L'élégance de la mise en scène, Humphrey Bogart (il pourrait rester muet et immobile et être bon quand même).
:-( Ca se laisse voir, mais ça se regarde aussi pas mal le nombril.

Ca y est, les vacances sont arrivées, et avec elles l'occasion de rattraper mon retard au niveau des sorties ciné mais aussi de me refaire quelques vieilleries à la maison. Pour ce coup-ci ce n'est pas moi qui ai choisi mais Denis, et c'est un peu fatigués que nous nous affalons dans le canapé, y a pas intérêt à ce que ce soit endormant. En tout cas, ma dernière expérience mankiewiczienne était un Eve qui m'avait plutôt convaincu il y a quelques années. Alors comme on dit, y a pas de raison...

Le richissime Kirk Edwards, qui a décidé de se lancer dans la production de films, est en voyage en Europe à la recherche de la future star hollywoodienne. Il pense l'avoir dénichée à Madrid en la personne de la danseuse Maria Vargas, mais celle-ci a son caractère et rechigne quelque peu à le suivre. Heureusement, le vieux metteur en scène Harry Dawes finira par la convaincre. Trouvera-t-elle vraiment le bonheur dans cet exil ? Le film nous a déjà donné la réponse...

En effet, c'est à un long et assez lent requiem que nous invite le film, puisque le destin tragique de la diva est évoqué après sa mort en voix off par trois des hommes qui auront accompagné ses derniers mois, Dawes en tête. Cet hommage posthume, parcouru d'assez lourdes références au conte de Cendrillon, respire la mélancolie du début à la fin. Voila plutôt de quoi attirer le Roupoil, mais si la tristesse est bien de mise, il manque un peu d'un ingrédient essentiel pour une telle histoire : la passion.

En fait, à la fin de la projection, ma réaction a été "Ok, c'est pas mal, mais un peu précieux". Mankiewicz a un peu tendance a pousser trop loin son sens de l'esthétique (le film est indiscutablement très élégant, avec ses mouvements de caméra d'une fluidité et d'une précision remarquables), jusqu'à se laisser franchement regarder filmer. Les champ-contrechamps finissent presque par agacer, et les dialogues très écrits (sans parler bien sûr de l'omniprésente voix off) laissent bien peu de place aux acteurs pour s'exprimer réellement. Et pourtant, avec un Bogart sous la main, ce n'est pas le potentiel qui manque.

On me rétorquera que c'est comme ça qu'on voyait le cinéma dans les années 50, mais dans mon souvenir Eve be tombait pas autant dans ce travers. Enfin, ça reste un film tout à fait honnête, mais le côté cynique et désabusé aurait certainement pu être beaucoup plus marquant s'il n'était pas nimbé dans une mise en scène apprétée...

Roupoil, 27 décembre 2007.



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