La Comtesse,

film de Julie Delpy (2009)



Avis général : 3/10
:-) Une histoire surprenante et pleine d'ingrédients intéressants.
:-( La mise en scène scolaire et l'abscence d'enthousiasme font qu'on se lasse très très vite. Le discours est globalement peu clair...

Après une séance détente (très réussie d'ailleurs) avec Kick-ass, retour aux choses sérieuses avec le nouveau long-métrage de Julie Delpy, plus connue comme comédienne (Blanc de Kieslowski, bien sûr), mais qui a enthousiasmé la critique avec cette vision de la vie de la célèbre comtesse Bathory.

Vous ne connaissez pas ? Mais si, c'est un personnage historique et mythique à la fois, notamment pour les amateurs de légendes bien sanguinolentes, pour avoir eu comme hobby un peu particulier le bain de sang de vierges. Pas étonnant donc qu'on l'ait croisé une ou deux fois aux côtés de son compère Dracula dans quelques séries B depuis l'invention du cinéma. Mais ici il s'agit avant tout de revenir sur le personnage historique, bien réel, et de dégager les raisons qui l'ont poussée à de telles horreurs. On nous apprend donc son enfance, la mort de son mari qui la laisse seule à la tête d'une des plus belles fortunes hongroises, et sa peur maladive du vieillissement qu'elle ne supporte pas de voir flétrir sa beauté.

Les amateurs de gore bien gras pourront donc passer leur chemin, ce n'est pas le style de la maison, malgré quelques scènes un brin saignantes. Ce qui intéresse Delpy, c'est plutôt la contemplation, la psychologie, et même une pointe de féminisme par moments. Dans la première partie, reconstitution historique très classique de la jeunesse de la comtesse, on savoure des dialogues piquants, mais on regrette le manque de moyens assez flagrant (ça fait un peu téléfilm fauché tout ça) et surtout l'académisme assez terrifiant de la mise en scène. Hélas, de ce point de vue, ça ne s'améliorera jamais, le film restant techniquement extrêmement scolaire, ce qui malheureusement laisse de côté toute possibilité de se passionner pour cette histoire pourtant potentiellement palpitante (les champs-contrechamps lors de certains dialogues, par exemple, sont à pleurer de banalité).

On laisse donc les (rares) péripéties défiler mollement, on n'a finalement guère droit à une étude psychologique intéressante, et sur la fin le message du film devient même franchement confus. Alors qu'on vient d'assister à la déchéance mentale de la comtesse pendant une petite heure, la voila de nouveau en pleine possession de ses moyens en train de s'expliquer d'un discours féministe au fond assez incongru. La romance qui sert de toile de fonc à tout ça est également convenue.

Bref, il ne se passe rien qui puisse éveiller le spectateur de quelque façon que ce soit. On peut tout de même admirer la qualité de l'image, sombre mais toujours nette, et constater que Julie Delpy s'est offert un rôle assez fascinant. Dommage que son film, lui, ne le soit pas le moins du monde.

Roupoil, 1 mai 2010.



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