Après une séance détente (très réussie d'ailleurs) avec
Kick-ass, retour aux choses sérieuses avec le nouveau
long-métrage de Julie Delpy, plus connue comme comédienne
(Blanc de Kieslowski, bien sûr), mais qui a enthousiasmé la
critique avec cette vision de la vie de la célèbre comtesse Bathory.
Vous ne connaissez pas ? Mais si, c'est un personnage historique et
mythique à la fois, notamment pour les amateurs de légendes bien
sanguinolentes, pour avoir eu comme hobby un peu particulier le bain de
sang de vierges. Pas étonnant donc qu'on l'ait croisé une ou deux fois
aux côtés de son compère Dracula dans quelques séries B depuis
l'invention du cinéma. Mais ici il s'agit avant tout de revenir sur le
personnage historique, bien réel, et de dégager les raisons qui l'ont
poussée à de telles horreurs. On nous apprend donc son enfance, la mort
de son mari qui la laisse seule à la tête d'une des plus belles fortunes
hongroises, et sa peur maladive du vieillissement qu'elle ne supporte
pas de voir flétrir sa beauté.
Les amateurs de gore bien gras pourront donc passer leur chemin, ce
n'est pas le style de la maison, malgré quelques scènes un brin
saignantes. Ce qui intéresse Delpy, c'est plutôt la contemplation, la
psychologie, et même une pointe de féminisme par moments. Dans la
première partie, reconstitution historique très classique de la jeunesse
de la comtesse, on savoure des dialogues piquants, mais on regrette le
manque de moyens assez flagrant (ça fait un peu téléfilm fauché tout ça)
et surtout l'académisme assez terrifiant de la mise en scène. Hélas, de
ce point de vue, ça ne s'améliorera jamais, le film restant
techniquement extrêmement scolaire, ce qui malheureusement laisse de
côté toute possibilité de se passionner pour cette histoire pourtant
potentiellement palpitante (les champs-contrechamps lors de certains
dialogues, par exemple, sont à pleurer de banalité).
On laisse donc les (rares) péripéties défiler mollement, on n'a
finalement guère droit à une étude psychologique intéressante, et sur la
fin le message du film devient même franchement confus. Alors qu'on
vient d'assister à la déchéance mentale de la comtesse pendant une
petite heure, la voila de nouveau en pleine possession de ses moyens en
train de s'expliquer d'un discours féministe au fond assez incongru. La
romance qui sert de toile de fonc à tout ça est également convenue.
Bref, il ne se passe rien qui puisse éveiller le spectateur de quelque
façon que ce soit. On peut tout de même admirer la qualité de l'image,
sombre mais toujours nette, et constater que Julie Delpy s'est offert un
rôle assez fascinant. Dommage que son film, lui, ne le soit pas le moins
du monde.
Roupoil, 1 mai 2010.