Ca n'aura pas trainé, à peine quelques jours après
Delicatessen, nous enchainons sur le deuxième et à ce jour
dernier film du tandem Caro-Jeunet. Comme je l'ai déjà dit dans l'autre
critique, celui-ci m'avait laissé une impression nettement plus forte que
le précédent, donc j'en attendais beaucoup au vu de l'éagréable suprise
que j'ai eue en revoyant l'autre (je suis clair ?). Bref, j'avais à peu
près tout oublié, et quelque part, tant mieux !
Dans un futur mal déterminé, dans un monde très aqueux, un drôle de
chateau est peuplé de drôles de créatures inventées par un drôle de
savant. Il y a une naine, six clones et un grand malade, et même un
cerveau dans un bocal. Krank n'a qu'un rêve, c'est justement de rêver.
Pour cela, il kidnappe des enfants. Dont le petit frère d'un géant
senible, qui part à sa rescousse, accompagné d'un petit bout de femme d'à
peine dix ans. Le plus adulte des deux n'est pas forcément celui qu'on
croit...
Encore plus que Delicatessen peut-être, La Cité des enfants
perdus est avant tout une formidable entreprise de construction de
toutes pièces d'un univers fantastique et poétique à la fois. Caro et
Jeunet résussissent une nouvelle fois à inventer un monde pas très éloigné
du notre, et pourtant merveilleusement différent. C'est visuellement
époustouflant (pas un seul effet spécial qui ne soit pas à sa place, c'est
tellement rare), et surtout plein d'idées qui stimulent l'imaginaire (et
de personnages déroutants et inoubliables). Ajoutez à cela la grande
maitrise de Jeunet derrière la caméra, et vous comprendrez qu'on s'immerge
complètement dans le film, pour notre plus grand bonheur.
Certains reprochent à ce film d'avoir un scénario qui n'est pas à la
hauteur du reste, voire même qui n'est pas très compréhensible. Je me
contenterai d'ignorer cette dernière critique puisque je ne la comprends
pas, mais je ne suis de toute façon pas d'accord avec la première non
plus. Le scénario est très beau, détournant les éléments du conte pour
gamin pour en faire un film résolument adulte. C'est noir et émouvant, et
les acteurs excellents ne gâchent rien (je ne soulignerai pas la
performance de Judith Vittet, tout le monde l'a déjà fait avant moi).
Seul bémol selon moi, les auteurs, tout comme dans Delicatessen
d'ailleurs, et bien que le déroulement du scénario soit plus fluide ici,
n'ont pas évité certaines longueurs, ce qui se conçoit dans un film qui
est au fond plus contemplatif qu'autre chose, mais qui risque d'en faire
décrocher certains. Ce serait tellement dommage...
Roupoil, 1 avril 2007.