C'est la fin de l'année, et comme le veut désormais la tradition,
le moment de sortir une adaptation de grosse saga fantasy pour attirer les familles
au cinéma. Merci à Peter Jackson. Après son Seigneur des anneaux (vous attendrez
que je le revoie avant d'avoir une critique, donc sûrement un petit moment), un
Eragon pas si mal et un Narnia honnête (dont on attend la suite), voici le tour
d'un bouquin que je ne connaissais même pas de nom (j'avoue), mais qui de loin a
l'air de receler tous les ingrédients classiques du genre.
Dans un monde parallèle vit la jeune Lyra et son daemon Pan (les daemons sont des
animaux enfermant l'âme des êtres humains, et qui les suivent donc à la trace).
Suite aux activités assez floues de son oncle Lord Asriel, elle se trouve
rapidement embarquée dans une folle aventure, où elle croisera des gitans, des
sorcières et des ours, tout en sachant tout grâce à sa boussole d'or magique qui
maitrise la poussière.
Bon, ben la petite chieuse, là, elle sait tout, mais le spectateur, par contre, il
est dans la panade totale. Le bouquin était touffu ? Ah ben même un pru trop
apparemment, car le fond a été complètement sabré, rendant les enjeux complètement
incompréhensibles. Qu'est-ce que cette mystérieuse Poussière et en quoi les
expériences d'Asriel mettent-elles en danger l'autorité du Magisterium (dont les
activités sont on ne peut plus floues) ? On en saura rien. Pourquoi Lyra est-elle
l'élue (un concept un peu usé par ailleurs) ? Aucune explication non plus.
Encore (nettement) pire, l'action à l'écran est affectée de la même absence totale
de logique, de cohérence, de rythme et d'âme que la narration globale. Certains
moments-clés tombent comme un cheveu sur la soupe (mais pourquoi diable le doyen
remet-il la boussole à Lyra ? Un mystère de plus), le suspens est complètement
absent, les personnages secondaires (et même les principaux, comme Coulter)
débarquent sans crier gare, avec en guise de profondeur psychologique un discours
bateau qui constituera la plupart du temps leurs seules paroles de tout le film, et
les péripéties s'enchainent laborieusement, faute à un montage haché et
complètement insipide.
Pour couronner le tout, les acteurs sont franchement mauvais, à commencer par
Nicole Kidman (bien difficile de faire exister un tant soi peu un tel rôle, en
même temps) et la gamine qui surjoue en permanence. Le seul qui s'en sorte, c'est
l'ours polaire. D'ailleurs, la scène la plus sympa est certainement la baston entre
les deux ours, qui au moins dégage un petit quelque chose niveau visuel. Allez,
soyons bon prince, c'est pas trop moche, surtout si on aime la neige. Mais pour le
reste, c'est une catastrophe intégrale, assez hallucinante vu le budget consacré à
la chose. Le pire c'est qu'en allant le voir, j'ai sûrement contribué à ce que la
suite sorte un jour sur nos écrans.
Roupoil, 7 janvier 2008.