La Balade sauvage,

film de Terrence Malick (1973)



Avis général : 6.5/10
:-) Une atmosphère surprenante, accentuée par la voix off. Deux acteurs épatants. La musique étrange.
:-( Ca m'a fasciné pendant une demi-heure, mais ensuite, je n'ai pas eu l'impression que ça se renouvelait.

Petite excursion cinéphile au coeur du cinquième pour cette fois-ci, sur les bons conseils de JiCiBi, un copain beaucoup plus cinéphile que moi qui me fait de temps en temps l'honneur de ne pas être d'accord avec ce que je raconte sur cette page (qu'il en soir remercié :-) ). Il s'agit donc du tout premier film de Terrence Malick, qui n'en a de toute façon pas réalisé des masses. Un peu fauché, mais des idées plein la tête.

C'est une histoire d'amants criminels, sujet presque devenu classique de nos jours. Ici, ça se passe dans le Sud profond des Etats-Unis, où l'ennui est également très profond chez beaucoup de gens, dont le jeune Kit, qui gagne sa vie en ramassant les poubelles. Un jour, il croise Holly, une adolescente assez mutique, dont il s'éprend assez rapidement. Mais le jour où il veut s'enfuir avec elle, son papa (à elle) s'interpose, du coup il le flingue. Il va se cacher dans la forêt avec Holly, mais un jour, ils se font repérer, du coup il flingue les gens qui viennent les récupérer (armes à la main, les gens, tout de même). Bon, je crois qu vous avez saisi le concept.

Honnêtement, pendant une demi-heure, je me suis dit "Raah, ce type est un génie". On se sent dès le départ totalement imprégné dans une atmosphère délétère (avant même qu'il ne se passe quoi que ce soit de tragique, la poussière et les tons ocres suffisent pour cela), on découvre avec une certaine curiosité ces deux paumés, et on se laisse prendre par la mise en scène distanciée de Malick, encore renforcée par la voix off saisissante, où Holly nous raconte son histoire sur un ton détaché assez glaçant. En plus, l'utilisation de la musique (assez douce-amère) est très intéressante (lors de scènes de calme plat la plupart du temps). Même quand nos deux "héros" sont planqués dans la forêt et que Mallick se laisse aller à des scènes limite grotesques (Martin Sheen qui court avec son gun tous muscles à l'air) ou proches du documentaire animalier (ça m'a fait penser à la Nuit du chasseur, personnellement), on adhère.

Mais le problème, en ce qui me concerne, c'est qu'il reste encore une heure pour se convaincre que les idées de Malick ont un peu tendance à se mordre la queue. Kit et Holly continuent leur sanglant voyage (ouarf au passage pour les explosions de sauce tomate en guise de sang, ça manquait apparemment un peu de moyens...) mais on peine à trouver de nouveaux sujets d'intérêt dans leur périple. On peut bien sûr s'interroger sur leurs agissements, mais les personnages ont été suffisamment bien cernés dès le départ pour que rien de très neuf ne vienne les éclairer. Holly reste complètement inconsciente de ce qui se passe (Sissy Spacek est impressionnante dans le rôle) et Kit est assez difficile à cerner, mélange de désespoir et d'impulsivité poussée à l'extrême (très bien joué aussi par Sheen, par ailleurs). Sur la fin, j'ai même fini par trouver certaines scènes franchement inutiles.

Un peu dommage tout ça, car je suis passé lentement de l'impression d'être face à un chef-d'oeuvre à un sentiment diffus de déception. Mais je vous conseille tout de même à mon tour de le voir si vous avez l'occasion de mettre la main dessus, quitte à couper quand vous commencez à vous ennuyer ;-).

Roupoil, 8 février 2006.



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