L'autre jour (ça doit bien faire trois semaines, mais
peu importe), j'avais un peu de temps à perdre, et les horaires ciné ne
collaient pas vraiment, du coup j'ai passé un peu de temps dans un magasin
d'une enseigne bien connue où se vendent entre autres des DVD. Et comme
d'habitude, j'ai pas pu m'empêcher d'en acheter quelques-uns. Parmi
ceux-ci, ma curiosité m'a poussé à acquérir un coffret Argento, dont je
n'avais jusqu'ici jamais rien vu. Mais de l'horreur baroque à l'italienne
datant des années 70, ça ne peut pas être foncièrement mauvais, non ?
L'intrigue est extrêmement recherchée : un serial killer trucide de jolies
jeunes femmes. Un jour, Sam, américain comme son nom l'indique, est témoin
privilégié d'une tentative d'assassinat du gros vilain. D'abord légèrement
incité par la police locale (qui lui pique son passeport pour l'empêcher
de rentrer chez lui) puis de son propre chef, il mène l'enquête. Mais le
danger commence à se retourner vers lui et sa copine. Le suspense est
insoutenable : démasquera-t-il le méchant à temps ?
On m'avait dit : Argento, c'est le maitre du giallo, une sorte de thriller
matiné d'horreur. Ne le cachons pas, l'horreur présente dans ce film
réussira peut-être à en faire marrer quelques-uns tellement elle est
caricaturale de la technique du "je ne montre rien" (un grand cri, un
éclair de couteau, une tâche de sang, et hop, l'affaire est dans le sac).
Mais comme on est pas du genre à se moquer des gens, on admettra
volontiers que c'est une question de génération. Et puis finalement, ça
contribue à dater le film, ce qui pour une fois ne le dessert pas mais lui
donne au contraire un petit côté désuet assez sympathique.
Par contre, ce qui ne va pas, c'est que si la face horreur du film ne fait
guère trembler, le côté thriller ne rattrape pas vraiment le tout. Le
scanario brasse quantité de personnages et situations type du genre, sans
qu'on accroche réellement à ce qui se passe. Quand à la résolution finale,
elle est plus que décevante. C'est quand même malheureux, car Argento est
manifestement doué pour poser une atmosphère, et ce que le scénario
n'arrive pas à faire est rattrapé par le montage : les scènes s'enchainent
bien, et même si ça n'a pas grand sens, on suit les pérégrinations de Sam
sans déplaisir.
Ce qui est curieux, quelque part, c'est que ce film soit considéré comme
une sorte de classique dans la mesure où ça ressemble plus à un petit film
sympa mais qui n'avait aucune raison de ne pas tomber dans les méandres de
l'oubli collectif... Sans aucun doute du aux succès postérieurs de son
auteur, mais j'attends tout de même de voir la suite de mon coffret pour
voir si Argento a vraiment fait mieux ensuite :-).
Roupoil, 29 novembre 2006.