Vous l'avez peut-être déjà compris, j'aime bien en règle
générale les films de gangsters, avec des grandes figures de méchants pas
si méchants que ça poursuivis par leur destin, fusillades en règle et
morts violentes à la pelle. Parmi les classiques du genre, il en est un
qui est trop peu souvent cité à mon goût, puisqu'il n'est pas loin d'être
ma référence ultime, c'est ce Carlito's way (la traduction du
titre est un peu lointaine, même si assez bonne) de de Palma.
Carlito, c'est notre héros, tout droit sorti de taule grâce à la
complicité de son avocat véreux et vieil ami David Kleinfeld. Pour lui,
l'avenir, c'est les Bahamas et la location de voitures aux touristes.
Finies les magouilles, il veut se ranger, et n'a besoin que de 75000
dollars pour ça. Mais son chemin passera forcément par ses anciennes
connaissances du milieu, et on sait dès le départ que tout cela se finira
mal.
Tout le film n'est en effet qu'un long flash-back qui se déroule pendant
les derniers instants de Carlito. D'où une voix off présente mais pas
pesante, et une sorte de fatalité qui colle à tout le déroulement de
l'action. Ce sentiment de destin inéluctable attaché à tous les
personnages est particulièrement bien rendu, et donne une densité
appréciable à un scénario somme toute assez classique. Les grandes figures
du film noir sont là, de l'avocat shooté à la coke à la danseuse blonde,
amour de toujours du héros tourmenté. Rien de nouveau sous le soleil, mais
une grande précision dans lenchaînement des scènes qui fait qu'on
accroche en permanence, et un trio d'acteurs principaux au sommet de leur
forme. Al Pacino bien sûr, mais ça ne surprendra personne, mais aussi un
Sean Penn assez méconnaissable en juif à frisettes, et Penelope Ann Miller
(que je n'ai pas souvenir d'avoir vue dans un autre film...) impeccable
dans le rôle de la copine de Carlito.
La mise en scène également fait dans le classicisme et la sobriété (non,
je ne comparerai pas à Scarface du même De Palma, pour la bonne
et simple raison que je ne l'ai pas vu). Presque trop par moments, les
scènes à suspense (dans la salle du billard et à la fin) ayant une vague
tendance à s'étirer inutilement. Mais l'atmosphère des rues de New York
est bien rendue (enfin, pour ce que j'en sais...) et les scènes
d'intérieur très réussies.
Que demander de plus ? Un peu plus de nervosité ou de brio auraient
peut-être été nécessaires pour faire de ce film un chef-d'oeuvre
incontournable, mais il reste tel quel un pilier du film de gangsters de
ces trente dernières années, à mon goût loin devant les
Affranchis de Scorsese, et tenant la dragée haute au
Parrain de Coppola.
Roupoil, 11 juillet 2005.