Encore un film d'animation pour continuer mes critiques
estivales. Mais on change complètement de registre avec le deuxième
long-métrage du français Sylvain Chomet, qui avait surpris tout le monde
il y a déjà 7 ans avec ses Triplettes de Belleville, drôle de
dessin animé quasi muet et fort étrange, au graphisme très accentué.
J'avais à l'époque plutôt aimé (je me rends compte que c'est un tout
petit peu trop vieux pour avoir une critique sur cette page), et je m'en
vais donc retenter l'expérience Chomet sans grande réticence, si ce
n'est le scénario de Tati à la base du projet.
Tati est de fait on ne peut plus présent dans ce film, puisqu'il en est
tout simplement le personnage principal, sous la forme donc d'un
illusioniste de music-hall un peu dépassé par l'arrivée en trombe des
groupes de rock qui le forcent à aller monnayer son art un peu désuet
jusqu'au fin fond de l'Ecosse. Il y rencontre une pauvre jeune fille
qu'il prend, un peu forcé par les évènements, sous son aile, et la
ramène à Edinburgh, où il tente de survivre comme il peu tandis qu'elle
est fasciné par les devantures des magasins de fringues.
Ce qui est certain, c'est qu'on est loin ici des poncifs et des bons
sentiments de l'animation grand public des studios hollywoodiens (y
compris des chefs-d'oeuvre de Pixar par exemple). Le film s'adresse
clairement à un public adulte, il est très lent et mélancolique, et
l'humour y est à la hauteur d'un film de Tati, c'est-à-dire à peu près
complètement absent (désolé, je n'ai pas pu résister, mais vous aurez
compris que je ne suis pour le moins pas fan du cinéma de Tati ;
d'ailleurs, inutile de chercher une critique d'un de ses films sur cette
page, ça fait quelques lustres que je n'ai pas tenté d'en voir un).
Chomet réussit d'ailleurs à instaurer une atmosphère assez prenante,
bien aidé par la qualité du travail sur une animation très old school
(dessins à la main) mais indéniablement superbe. Les jeux de lumière
notamment sont très réussis tout au long du film. Dommage qu'au
cinquième quasiment identique, on finisse un peu par se lasser... Ce
n'est d'ailleurs pas le cas que pour les levers de soleil, les rares
péripéties du film sont également très répétitives (achat de vêtements
pour la gamine notamment). Ajoutées à un rythme déjà volontairement lent
et à une absence quasi totale de réels seconds rôles (on entraperçoit à
peine quelques personnages absolument pas creusés), cela contribue à
faire de cet Illusioniste un film très beau ... mais très
chiant. En gros, il ne se passe rien pendant une heure vingt, et on est
content quand ça se termine (sur une fin réussie d'ailleurs) car ça
tourne en rond depuis un petit moment. En fait, la grande question qu'on
se pose, c'est de savoir s'il y avait vraiment là matière à un
long-métrage. Très franchement, une bonne demi-heure aurait sûrement été
un meilleur format. Chomet n'a pas perdu la main, mais il n'avait pas
matière ici à faire un film réellement intéressant.
Roupoil, 23 juillet 2010.