L'homme sans âge,

film de Francis Ford Coppola (2007)



Avis général : 3.5/10
:-) C'est tout sauf formaté, plein d'idées et de volonté de faire des choses.
:-( Le scénario confus laisse perplexe là où il semble vouloir fasciner.

C'est avec une certaine émotion que je suis allé voir ce film au cinéma l'autre jour. Rendez-vous compte, Coppola, l'un des piliers de ma culture ciné, qui sort enfin un nouveau film, qui sera le premier de lui que j'irai voir à sa sortie sur grand écran. La bande annoncé m'ayant plutôt alléché, j'étais assez optimiste, mais également un peu intrigué par les critiques inégales...

L'homme sans âge du titre, c'est Dominic Matei, un chercheur en linguistique qui vient d'avoir 70 ans, et n'a jamais achevé l'ouvrage monumental qu'il a entamé dans sa jeunesse. Conscient d'avoir raté sa vie, il songe à se suicider, quand un coup de foudre lui rend sa jeunesse. Pourchassé par les vilains nazis, il se cache, tout en continuant ses recherches sur le langage. Jusqu'à ce qu'il rencontre une jeune femme qui ressemble étrangement à celle qu'il a aimée longtemps avant.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que pour ce retour, Coppola ne s'est pas laissé aller à la facilité ! À vrai dire, si j'avais été voir le film sans en connaitre le réalisateur, j'aurais plutôt imaginé un jeune ambitieux qui aurait regardé un peu trop de Lynch. Le film est incroyablement riche et ambitieux, essentiellement d'un point de vue scénaristique, mais également aussi d'un point de vue technique. Même si Coppola reste assez fidèle à son style (et on ne s'en plaindra pas, l'image et les cadrages sont magnifiques de bout en bout), il se permet quelques fantaisies comme ces curieux plans inversés qui ne font finalement qu'ajouter un peu à l'étrangeté de la chose.

Car le film est définitivement très loin d'être une oeuvre formatée et gentiment spectaculaire comme aurait pu le laisser prévoir la bande annonce. Au contraire, en deux heures de temps, le scénario s'attaque en vrac à des thèmes aussi lourds et variés que le langage, le temps, l'inconscient, et encore d'autres. Le tout dans une débauche de dialogues frisant souvent l'abscons et de scènes qui n'ont pas peur de s'aventurer résolument sur les pentes du ridicule (le passage en Inde est bien gratiné). D'un certain côté, on ne peut qu'être fasciné par la foi de Coppola en son cinéma. De l'autre, je dois bien admettre que je n'ai pas franchement accroché (pour faire un bel euphémisme). Ca ne me semble tout simplement pas à la hauteur de son ambition. Le scénario part dans tellement de directions qu'il finit par en devenir franchement confus, et la réflexion ne s'élève jamais plus haut qu'une philosophie de bazar très fumeuse. Quel est le but de tout ça ? Y a-t-il un message profond derrière ce déballage hétéroclite ? Si oui, il m'a échappé...

Reste le plaisir de voir un grand cinéaste s'amuser avec sa caméra, ce qui nous évite au moins de tomber dans un ennui profond. Mais la belle mécanique tourne résolument à vide. Je préfère remonter trente ans en arrière pour revoir les classiques de Coppola : plus classiques, justement, mais on sait ce qu'on y cherche, et on le trouve.

Roupoil, 24 novembre 2007.



Retour à ma page cinema