Il est des films qui ont marqué l'histoire du cinéma
comme des jalons. Il y a eu un avant et un après l'Exorciste, et
même si nous sommes trop jeunes pour avoir vécu en direct ce passage, il
s'agit sûrement d'un film à voir une fois dans sa vie. Je profite donc du
début des vacances (ouais !) et de l'absence de ma chérie (ben oui, les
films d'horreur c'est pas son truc) pour tenter l'expérience.
Le film débute assez curieusement en Irak, sur un chantier de fouilles où
un vieux prêtre archéologue met au jour une statuette de démon. Mais on
est rapidement ramenés à Washington, où on suit en parallèle les doutes du
père Karras, prêtre psychologue rongé par son boulot et la mort de sa
mère, et les soucis d'une actrice célèbre dont la fille a un comportement
de plus en plus étrange. Les médecins vont finir par s'avouer impuissants
face à son cas et ses crises de violence de plus en plus aigues.
Ce qui frappe le plus dès le début du film, c'est qu'il ne s'agit
finalement pas d'un film d'horreur au sens où on l'entend classiquement
(du moins aujourd'hui). Ce n'est pas un film de genre où les situations
présentées ne sont que prétexte à effrayer, mais bien un film sérieux et
réaliste dont le fantastique n'est qu'un élément, certes prépondérant. Ca
fait plaisir de voir un film d'horreur avec un tel soin dans la
réalisation, des plans travaillés, bref un beau film quoi.
D'ailleurs, plus que de terrifier (rien de bien effrayant pour un
spectateur d'aujourd'hui), le film opresse. Certes, on a droit à quelques
scènes spectaculaires, mais c'est surtout le montée en puissance de
l'angoisse qui est très intéressante. Bon, il faut bien l'admettre, c'est
bien lent au début. Pas mal de scènes censées mettre en place les éléments
semblent dispensables, mais une fois les troubles de Megan apparents
(première visite à l'hôpital), on ne décroche plus. On a vanté à juste
titre le côté documentaire du film, la scène de ponction à l'hôpital est
peut-être la plus stressante de tout le film...
Quand aux scènes de violence proprement dites, avec leurs flots d'injures
qui ont pu faire rire certains, je ne pense pas qu'elles aient perdu en
force. Simplement, le film est fortement basé sur la religion, et notre
rapport à ce genre de choses a beaucoup évolué. S'il y a exagération,
c'est plutôt au niveau des effets un peu trop voyants (les quelques
apparitions furtives, bof), mais cela tient globalement fort bien la
route.
Réputation méritée donc pour un film très maitrisé. Pas loin du
Shining de Kubrick dans un genre finalement assez proche.
Roupoil, 23 février 2008.