L'étoffe des héros,

film de Philip Kaufman (1983)



Avis général : 7.5/10
:-) Un contenu largement suffisant pour justifer les trois heures du film, d'ailleurs on ne s'ennuie pas. Une réalisation impeccable, de bons acteurs.
:-( Un peu trop hagiographique à mon goût. Et il manque un peu de personnalité à ce film.

Parmi les grands films épiques des années 80, il me restait au moins celui-là à voir, que je n'avais jamais eu l'occasion de choper à la télé. Pas grave, c'est parti pour une petit séance de DVD, en deux fois (chose que je fais assez rarement, mais bon, ça vaut mieux que de s'endormir devant le film :-) ), ce qui fait tout de même des moitiés d'une heure et demie...

Il faut dire que le film se propose de retracer les débuts de la conquête spatiale (vus du côté américain) en détail, et même un peu plus puisque tout le début du film est consacré aux exploits de Chuck Yeager et de ses potes aux commandes de leurs avions de chasse dans leur base paumée au fin fond de la Californie. Mais c'est tout de même la Floride et Cap Canaveral qui verront se dérouler la majeure partie du film.

C'est à un film du genre fresque que nous convie Kaufman, il convient donc d'avoir du temps à perdre côté spectateur, et une histoire solide à raconter côté réalisateur. De ce point de vue là, pas de problème, la conquête spatiale est un épisode fascinant de l'histoire récente, et le dosage entre scènes purement descriptives d'entraînement ou dans l'espace et scènes plus fictionnelles faisant intervenir les astronautes est bon. Surtout, la réalisation s'attarde suffisament sur les personnages pour qu'on s'attache à eux (et la brochette d'acteurs impeccables n'y est pas pour rien non plus). Autre bon point, les quelques doses d'humour insufflées de temps à autre dans le récit. En particulier les réunions ministérielles qui ne ressemblent à rien sont très sympa. Bref, Kaufman semble avoir fait tout son possible pour insuffler une âme à son film. Pas évident cependant qu'il y soit totalement parvenu, faute peut-être à un trop grand respect pour l'histoire qu'il filme. Nos héros ont beau être humains et déconner de temps à autre, ils n'en sont pas moins des héros, et ça se sent. Infaillibles, quasi-immortels (bon, certes, on me dira que c'est historique, mais tout de même, globalement, le film passe très vite sur les échecs pour ne retenir que les grands moments) et affreusement sûrs d'eux-mêmes, on n'évite pas totalement l'écueil de l'hagiographie.

Pas évitée non plus, la relative platitude de l'illustration. Bien sûr, l'histoire se suffit à elle-même et il est tentant de se mettre un peu en retrait pour la laisser s'exprimer elle-même. Mais l'accumulation de fanfares militaires et belles images de l'espace, à défaut de lasser, ne fait pas non plus réllement vibrer le spectateur (sans vouloir faire mon obsédé, une fois de plus, une musique plus inspirée aurait pu faire la différence). C'est d'autant plus dommage que le film est techniquement très maîtrisé. Images impeccables, aucun doute, on s'y croit, mais en tant que spectateur seulement, c'est un peu dommage.

Finalement, ce film fait partie de cette catégorie de grands et longs films qu'il faut avoir vu une fois dans sa vie, mais pas forcément dix... On passe certes un très bon moment à le regarder, et il n'y a pas grand chose à lui reprocher, mais il lui manque tout simplement une vraie personnalité qui différencie un bon film d'une oeuvre d'art.

Roupoil, 26 février 2005.



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