L'enfant,

film de Jean-Pierre et Luc Dardenne (2005)



Avis général : 5/10
:-) Un scénario bien construit, de très bons acteurs et une réalisation très précise.
:-( Mais où est l'émotion dans tout ça ?

Deux Palmes d'or en cinq ans, on a beau penser ce qu'on veut des choix certes souvent discutables des jurés cannois, ça interpelle et ça invite le cinéphile consciencieux à aller se plonger dans une salle obscure pour voir de plus près de quoi il en retourne, même si le cinéma affiché social des frères Dardenne n'est pas forcément sa tasse de thé.

C'est donc l'histoire d'un enfant. Celui de Bruno, voyou à la petite semaine dans une cité quelque part dans les Flandres, et de Sonia, encore un visage d'adolescente. Mais c'est surtout dans leur tête que nos deux paumés sont trop jeunes pour assumer leurs responsabilités. A les voir se chamailler sans cesse comme des gamins et avoir une vision de l'avenir qui ne dépasse pas le lendemain, on sent les catastrophes poindre. Ca ne manquera pas, Bruno décidant sur un coup de tête de vendre leur fils pour qu'il puisse être adopté par une famille plus aisée.

On ne peut pas dire qu'on soit surpris devant ce film, qui est totalement conforme à ce qu'on en attend pour peu qu'on se soit un peu renseigné avant d'aller le voir. Les Dardenne s'attaquent à la vie peu enviable des rejetés de notre société, avec une méthode que l'on sent parfaitement rodée même quand c'est la première fois qu'on les voit à l'oeuvre. De vrais acteurs, qui plus est tout à fait justes dans leur rôles ; un scénario solide, qui bascule de façon très sobre et efficace vers le dramatique, en étant crédible à tout moment ; et une réalisation extrêmement précise, qui va chercher les détails tout en restant très vivante.

On ne s'ennuie donc pas vraiment, ce qu'on pourrait craindre devant ce genre de film (enfin, en ce qui me concerne, du moins...). Mais, comme vous l'aurez compris, je ne considère toutefois pas vraiment ce film comme un chef-d'oeuvre, ni même comme la grande réussite saluée par les spécialistes. Pourquoi ? Tout simplement parce que, si je n'ai aucun reproche à faire à la réalisation, je me demande tout simplement quel est l'intérêt de ce type de cinéma. En refusant toute fioriture (pas de musique, bien sûr, mais également un grand dépouillement visuel), les Dardenne nous offrent certes un documentaire d'une précision appréciable, mais vidé de toute émotion. On a beau se dire que ce qu'on voit à l'écran pourrait, et même devrait être poignant, révoltant, on regarde les événements s'enchaîner sans grande passion. C'est particulièrement vrai pendant la première moitié de l'heure, l'obstination des frères Dardenne finissant presque par nous sortir de notre léthargie dans les dernières scènes.

Ca ne fait malheureusement pas un film. Je n'ai rien à reprocher à ceux qui se sont pâmés devant cette oeuvre, qui a des qualités indéniables. Simplement, la prochaine fois, je laisserai ce genre de film à ceux qui les apprécient vraiment.

Roupoil, 29 octobre 2005.



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