Ça faisait un certain temps que j'étais pas allé voir une
vraie bonne daube au cinéma, mais voilà le retour du grand Jean-Claude Van
Damme, plus remarqué ses derniers temps pour ses interviews poilantes (ah,
il est "aware", le Jean-Claude), au grand écran. Retour assez discret
d'ailleurs, très peu de salles passent le film, maisd heureusement, on
peut difficilement rater l'affiche avec Van Damme tirant une gueule
phénoménale dessus. Allez, on va bien se marrer.
Ça se passe aux States. Un bateau plein d'asiatiques arrive au port de Los
Angeles. La femme de Van Damme trouve une gamine mignonne dans le tas et
la ramène à la maison. Grosse erreur, il s'agit de la fille cachée d'un
gros méchant bonnet de la drogue, d'ailleurs tous les autres passagers du
bateau ont de la poudre blanche plein les intestins. L'intermédiaire du
gros méchant n'est par ailleurs rien moins que le boss de madame Van
Damme. Bref, du coup, au bout de dix minutes, la madame en question se
fait déchirer la gorge artistiquement par le gros méchant. Après avoir
chialé cinq minutes lors d'une scène pétrifiante d'émotion, Jean-Claude
commence à tirer la gueule et part en chasse.
Bon, n'y allons pas par quatre chemins, l'analyse de cette oeuvre d'un
point de vue purement cinématographique demanderait l'utilisatoion d'un
trop grand nombre de synonymes du mot "nul", donc on va faire vite : le
réaliste croit manifestement faire un vrai film, du coup il fait des plans
grotesque sur les pieds des gens ou sur des ombres sur un rideau (quand
Jean-Claude annonce à son fils qu'il va devoir partir, une scène
absolument hilarante) et se croit obligé de faire trembler la caméra sans
raison de temps à autre. C'est parfaitement pathétique, mais tant mieux,
au moins on se marre bien. Rien pour rattraper ça au niveau des acteurs,
Van Damme étant aussi mauvais que d'habitude (il fait presque peur à voir
quand il essaie de pleurer, le pauvre, heureusement qu'un yakusa débarque
par la fenêtre juste à ce moment-là), et les dialogues effarants (mais j'y
reviendrai). Seules les scènes d'action, platement efficaces par moments,
peuvent éventuellement rattraper le lot, la scène de torture à la perceuse
pourra amuser les fans du genre. Mais bon, globalement, c'est à peu près
le niveau zéro du cinéma (le film ne doit son 1/10 qu'à la présence dans
l'histoire du septième art de références comme Y a-t-il un flic pour
sauver l'humanité ?), on a tout déjà vu en cent fois mieux ailleurs.
Pour apprécier ce film, il faut donc clairement le voir autrement, et se
mettre dans la peau du spectateur amateur de nanars (ça tombe bien, c'est
dans cet esprit qu'on était venus). Et là, tout de suite, le film dévoile
un potentiel insoupçonné. Le jeu des acteurs devient sujet de franches
rigolades, tout comme la réalisation, et surtout on a droit à des
répliques cultes à la pelle. Le personnage de Raymond restera de ce point
de vue dans les mémoires pour les phrases lancées par Max, entre autres
"Raymond, va chercher les armes" et l'énorme "Raymond, fais le ménage" à
la fin du piercing du méchant. Van Damme annonçant à son dernier pote
survivant "Toi, t'es mon frère" mérite aussi citation. D'ailleurs, à
propos dudit dernier survivant, qui ne le reste pas, la scène où il se
fait taillader de partout sur le bateau est à mourir de rire (c'était bien
la peine qu'il se bouge puisqu'il ne sert à rien, finalement ; mais bon,
le scénario n'est pas à ce genre de détails près, notons d'ailleurs la
subtilité de Jean-Claude qui explose la cervelle d'un premier vilain sans
lui poser de question et se demande ensuite "Maintenant, comment on fait
pour trouver le méchant ?"). Bien sûr, il y a des temps morts quand le
film n'est pas ssez ridicule pour pouvoir en rire, mais il tient un
certain rythme de ce poitn de vue.
En résumé, si vous voulez voir un vrai film, enfuyez-vous en courant, mais
si vous êtes un amateur de bons nanars qui vous laissent de grands
souvenirs des années après à la simple allusion à une réplique culte, vous
pouvez aller retrouver un Van Damme fidèle à lui-même. N'oubliez pas les
bonbecs pour passer une soirée encore plus sympa.
Roupoil, 29 janvier 2005.