L'armée des douze singes,

film de Terry Gilliam (1995)



Avis général : 9/10
:-) Le scénario passionant. Le futur étrange imaginé par Giliam. Bruce Willis dans un vrai rôle.
:-( Un peu trop de temps passé à insister sur les détails importants parfois (surtout à la douzième vision 8-) ).

Là, comme ça, on vous montre une affiche avec bruce Willis et Brad Pitt , et un scénario qui parle de voyages dans le temps et d'épidémie anéantissant l'humanité, vous en pensez quoi ? Au mieux un clone de Terminator, au pire un film d'action bêta made in Hollywood. Et puis vous regardez d'un peu plus près. Déjà, l'affiche et le titre laissent vaguement songeur. Et surtout, le nom du réalisateur ne manque pas de vous faire réfléchir : Terry Gilliam. Ça pourrait bien être un peu plus subtil que prévu...

Dans un futur imprécis, James Cole est enfermé dans une taule souterraine assez glauque. L'humanité a été décimée par un virus quelque temps auparavant, les survivants se terrent en sous-sol, et les prisonniers sont envoyés à la surface recueillir de maigres informations sur la qualité de l'air. Cole, repéré pour ses qualités d'observation, est envoyé dans le passé pour tenter de se renseigner sur l'apparition du virus. Mais il ne rencontre dans un premier temps qu'une charmante psy et, suite à un séjour à l'asile, le fils dérangé d'un virologue Prix Nobel. Peut-être un début de piste...

Je ne peux pas en dire beaucoup plus sans dévoiler l'intérêt principal du film, à savoir un scénario impeccablement construit. Il est d'ailleurs curieux de constater à quel point 1995 fut une année propice aux ambiances glauques et scénarii tordus (outre celui-ci, on peut citer Seven et Usual Suspects...). Pour le film de Gilliam, ce n'est finalement pas si compliqué que ça, ce qui impressionne surtout est le millimétrage parfait des informations données au spectateur. On suit l'enquête de Cole avec intérêt, devançant parfois ses réactions mais toujours sur la brèche, et à l'affut du détail révélateur. D'ailleurs, pas franchement besoin d'être à l'affut, tout étant assez visible (mon côté pervers aurait envie d'être un poil déçu que ce ne soit pas plus implicite par moments, mais comme ça suffit apparemment à rendre le film compliqué ou confus pour certains, disons que ça reste suffisament stimulant pour ne pas vraiment être un défaut). Autre bon point, le film ne fait pas l'erreur de s'attarder sur les questions philosophiques entourant les voyages dans le temps, la possibilité de refaire l'histoire (qui n'existe pas ici) ou de vivre à une époque qui n'est pas la sienne. Il se contente de les suggérer habilement, laissant le soin au spectateur de s'interroger plus profondément s'il le souhaite.

Puisque je ne vais pas me risquer à en dire plus sur l'histoire (ah si, je peux toujours conseiller à ceux qui ne l'ont jamais vu de jeter un coup d'oeil à La Jetée, le court-métrage de Chris Marker dont le scénario est censé être inspiré. Le lien est assez ténu mais c'est tout de même intéressant ; attention quand même, c'est un roman-photo, donc l'action n'y est pas franchement palpitante), passons aux aspects techniques. Il faut tout de même tirer son chapeau à Gilliam et son équipe qui, avec des moyens manifestement limités, ont réussi à créer un univers sensationnel. Le futur est étonnant, avec son côté bric-à-brac effrayant, mais très convaincant. Et surtout, le présent, opressant sans qu'on sache très bien dire pourquoi, est lui-même un fabuleux décor de science-fiction, dans la catégorie « civilisation en pleine décrépitude ».

Ajoutez à cela des stars qui brillent dans des rôles un peu différents de leurs habitudes (Willis, parfait dans le rôle de Cole, et Brad Pitt qui joue les tarés avec un entrain incroyable), et vous obtenez, tout simplement, l'un des meilleurs films de science-fiction qui soient. Et qui plus est de la vraie science-fiction, pas un space opera à la Star Wars ou un film d'horreur façon Alien. Encore merci monsieur Gilliam.

Roupoil, 25 mai 2005.



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