L'aile ou la cuisse,

film de Claude Zidi (1976)



Avis général : 7/10
:-) Acteurs efficaces (même De Funès n'en fait pas trop), dialogues vraiment bien trouvés, et des gags à la pelle.
:-( Ça se limite à une comédie gentillette, le scénario souffrant notamment de quelques trous.

Il est de bon ton chez les cinéphiles avertis d'arborer un sourire entendu au seul nom de Louis de Funès, acteur de comédie populaire, donc ringard. Ce serait oublier qu'à côté de films pitoyables (non, non, on ne me fera pas dire que la série des Gendarmes mérite son succès), il lui est arrivé de trouver des réalisateurs à sa mesure. Gérard Oury fut certainement le plus grand de ceux-là, mais sa première collaboration avec un Claude Zidi encore au début de sa carrière est également un grand moment.

Une date fatidique approche pour tous les restaurateurs de France : celle de la parution annuelle du sacro-saint guide Duchemin. Charles Duchemin, le grand patron, met les bouchées doubles, tout en préparant sa succession (mais c'est pas gagné car son fils préfère manifestement le cirque à la bonne bouffe) et en surveillant d'un oeil les magouilles de Tricatel, le magnat du "prêt-à-manger".

Il ne faut pas attendre des miracles du scénario qui est essentiellement prétexte à égratigner le petit monde de la grande (et moins grande) cuisine française, mais de façon trop caricaturale pour que ce soit vraiment méchant, et surtout à aligner les gags et les performances des deux poids-lourds du comique réunis pour l'occasion : De Funès et Coluche. Et de ce point de vue, il faut bien l'avouer, c'est tout de même un grand film. Les gags ne sont pas d'une originalité foudroyante, mais font leur effet avec une régularité appréciable (la visite de l'usine restera à jamais un classique de l'humour français), et les acteurs ont de quoi se faire plaisir avec des dialogues bien écrits. D'ailleurs, De Funès n'a même pas besoin d'abuser des mimiques pour nous faire rigoler.

Du coup, on se permet de faire semblant de ne pas voir les grosses ficelles qui sont à peu près les mêmes que dans toutes les bonnes comédies de l'époque : une jolie fille qui est là uniquement pour se faire dragouiller gentiment par Coluche, une scène de répartition de chambre qu'on doit pouvoir retrouver dans une dizaine d'autres films (mais bon, on rigole toujours en la revoyant, alors après tout), un scénario outrancier (le gavage de De Funès à la choucroute est tout de même assez répugnant) et bizarrement foutu (le coup de l'usine qui apparait tout à coup aux deux-tiers du film, c'est un peu curieux), et une réalisation passe-partout.

Il ne faut de toute façon pas chercher midi à quatorze heures avec ce genre de film. Il ne s'agit pas de faire du grand cinéma, mais de divertir le public. Mission parfaitement accomplie.

Roupoil, 8 juillet 2005.



Note : je me pose tout de même une question existentielle en revoyant le film. Dans la scène où Ann Zacharias dirige la grue et à l'air perdue face aux commandes, elle fait un geste en direction de ses cheveux. Cela signifie-t-il "Désolée, mais je suis blonde" ?

Retour à ma page cinema