King kong,

film de Peter Jackson (2005)



Avis général : 5.5/10
:-) Une bêbête au poil. Des décors impeccables (pour la partie à New York) et grandioses (sur Skull Island).
:-( Pas original, pas spécialement inspiré, un exploit technique mais pas vraiment d'âme...

On avait laissé Peter Jackson le bras chargé de statuettes après le tromphe programmé et enfin reconnu par les professionnels du dernier volet du Seigneur des anneaux (qui était pourtant du même acabit que les deux autres, mais passons), le voilà de retour. Pour ceux qui pensaient qu'il reviendrait à des projets plus humains, c'est raté : un budget énorme, des monceaux d'effets spéciaux et des kilomètres de pellicule, rien que ça pour resusciter l'une des plus mythiques créatures de l'histoire de septième art : King Kong.

Jackson, qui a déclaré avoir réalisé un rêve de gosse avec ce remake, reste très fidèle à l'intrigue originale, si ce n'est qu'il se permet de l'approfondir un peu plus puisque son film dépasse une nouvelle fois la barrière des trois heures. En gros, trois parties de longueur égale, d'abord une heure pour placer le décor années 30 (ce qui est certes beaucoup plus intéressant aujourd'hui qu'à l'époque du King Kong originel), introduire la belle Ann Darrow, le réalisateur vaguement inquiétant qui veut aller tourner son film sur une île inconnue, et le scénariste embarqué malgré lui qui traîne de façon plus ou moins décalée son spleen au milieu de l'équipage ; une heure sur Skull Island au milieu des indigènes et des diverses bestioles ; puis la dernière heure (sûrement un peu moins en fait) de retour à New York, avec ascension obligatoire de l'Empire State Building pour couronner le tout.

Pendant la première partie, Jackson fait montre de son savoir-faire de façon plutôt convaincante. Un portrait pas très folichon de l'Amérique de la Grande Dépression est brossé sans insistance lourde, les personnages ne sont pas des monuments de subtilité psychologique mais sont bien dépeints, bref on suit tout ça gentiment en attendant la suite. Seul défaut, Jack Black surjoue le personnage du réalisateur de manière assez pénible, ce qui restera vrai tout au long du film d'ailleurs. Par contre, Naomi Watts est comme il se doit parfaite :-) (bon, en fait, le rôle comme le personnage sont à la base assez creux...).

Et puis on arrive donc, après quelques scènes de bateau plutôt bien menées, au coeur du film, l'exploration de Skull Island. Bon point, les décors sont fabuleux, et le singe (qu'on ne voit pas tout de suite) également très bien fait. Mais Jackson en abuse franchement, à coup de scènes répétées sur fond de cascade qui finissent par vraiment lasser. Beaucoup plus gênant, tout cette partie très orientée action ne convainc pas. Certaines scènes sont à la limite du grotesque (la poursuite avec les dinosaures) et, pire que tout, la technique a du mal à suivre, les dinosaures faisant très "effet numérique surajouté". D'autant plus curieux que, la plupart du temps, les images de synthèse passent inaperçues. Mais même dans ces scènes-là, on peine à trouver un intérêt au déploiement de moyens orchestré par Jackson, ça ressemble beaucoup à une démonstration de gaspillage de dollars (oui, on peut mettre en scène un gros combat entre un singe géant et un tyrannosaure, et après ?) peu réfléchie. On essaie bien de nous mettre du second degré dans tout ça, à coups de références subtiles (Jurassic Park bien sûr, mais aussi Alien par exemple), mais ça ressemble plus à une bonne tranche de nanar qu'à de l'ironie assumée.

Une fois de retour à New York, le film retrouve un peu de chair, à défaut de réussir à nous surprendre. Une scène de patinage tente encore de plonger du côté du ridicule (sans y parvenir franchement), puis le morceau de bravoure final est superbement mené. Encore une fois, Jackson en fait beaucoup, notamment à grand coups de caméras embarquées dans les avions qui donnent l'assaut au singe, mais il réussit à en tirer des images suffisamment spectaculaires pour nous accrocher. J'en viendrais presque à penser que j'étais peut-être juste de mauvaise humeur pendant la deuxième partie du film, que certains ont préférée à la dernière...

Mais quoi qu'il en soit, et quoi qu'on pense de l'habileté de Jackson à manier la caméra, une question demeure : pourquoi ce remake ? Jackson ne fait qu'actualiser un vieux classique, et n'innove absolument pas par rapport à des dizaines de films à gros budget ayant vu le jour ces dernières années à Hollywood. Bon, si admettons que le film marque une étape technique par la qualité (de certaines) des images de synthèse, mais sinon, on peine à trouver une bonne raison de se précipiter voir ce King Kong nouvelle génération. Mais si vous avez trois heures à perdre et que vous aimez en prendre plein la vue, allez-y, vous ne serez sûrement pas déçus...

Roupoil, 23 décembre 2005.



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