Comme j'ai déjà du le dire lors de mes trois
précédentes critiques de films de super-héros (on ne peut pourtant pas
dire que je courre après toutes les productions du genre), la mode ne
semble pas prête à s'essouffler. Il était donc certainement inévitable
qu'un jour où l'autre on voie débarquer sur les écrans des parodies du
genre. En fait, ce Kick-ass est, comme tous ses confrères, une
simple adaptation de comic book, mais d'un comic qui prend un peu moins
au sérieux ces histoires de super pouvoirs que les autres. De loin (sur
la bande-annonce notamment), ça avait juste l'air d'être un piètre
nanar. Mais pour ma première double séance de ciné depuis fort
longtemps, je n'ai pas trouvé mieux à me metre sous la dent, alors...
Dave Lizewski est un ado un peu naze comme on en croise dans tant de
films américains : il vit seul avec son père, est violemment dérangé par
ses hormones, fantasme sur sa prof d'anglais et la jolie fille du lycée
qui l'ignore royalement, et lit des comics avec ses deux potes aussi
largués que lui. Logiquement, il devrait se retrouver plus ou moins
absurdement affublé d'un pouvoir invraisemblable et tataner du méchant
pour devenir un héros que tout le monde enviera. En fait, il se contente
d'en revêtir le costume (une très belle combi de plongée verdâtre) et de
tenter sa chance contre les racketteurs du coin. Un passage à l'hosto et
une deuxième baston plus tard, il gagne une extraordinaire popularité
malgré son absence toujours aussi cruelle de réelles capacités. Qu'à
cela ne tienne, s'il ne va pas au monde des super-héros, les super-héros
viendront à lui !
J'ai déjà du le dire également un paquet de fois sur ces pages, mais
toute la difficulté pour un film parodique, c'est de trouver une bonne
distance. Trop proche du modèle, et on se contente d'en faire une
mauvaise copie, trop n'importe quoi et on aura au mieux une bonne blague
sans grand intérêt. À mon assez grande surprise, Kick-ass
réussit à se positionner assea idéalement de ce point de vue, en mêlant
pourtant deux idées a priori assez antinomiques. Dans un premier temps,
on assiste à un décalque du début de Spiderman à peine pimenté
de quelques pointes humoristiques décalées, mais surtout en gardant le
tout réaliste. Non, mettre un sac poubelle sur la tête ne suffit pas à
devenir un héros, la retour sur terre est d'une brutalité assez
réjouissante.
Et puis, assez rapidement, le film prend un autre tournant avec
l'apparition de Big Daddy et Hit Girl, se transformant cette fois en
vrai film de super héros bourrin et bourré de clichés, mais en ajoutant
cette fois une dose d'exagération suffisamment légère pour ne pas
plomber le film mais qui le place malgré tout du côté de la parodie
réellement réjouissante. Le sang coule à flots (versé par une gamine de
10 ans), le personnage de Big Daddy est complètement ridicule avec son
costume de Batman, et toute la relation entre Kick-Ass et sa copine est
absurdement irréaliste et très orientée "ado obsédé". Bref, vous l'aurez
compris, ça s'adresse à un public résolument adulte, et c'est assez
jouissif.
Ca ne manque d'ailleurs pas de rythme et de scènes d'actions
survitaminées, même si on pourra faire le léger reproche au réalisateur
d'un peu trop lorgner du côté de nombre de ses confrères et de souvent
faire une compilation des effets les plus à la mode plutôt que de tenter
de trouver son propre style (quoique le passage en infra-rouge a un côté
FPS assez rigolo). Qu'à cela ne tienne, on passe tout de même deux
heures de franc bonheur avec ces personnages totalement déjantés, qu'on
n'oubliera pas de si tôt. Pour une fois, je me laisserais presque aller
à demander une suite !
Roupoil, 1 mai 2010.