Keane,

film de Lodge Kerrigan (2005)



Avis général : 6/10
:-) L'opression ressentie par le spectateur est réelle. De très belles scènes sur la fin. Un acteur éblouissant.
:-( Ca reste extrêmement aride. Il faut attendre trop longtempspour qu'il se passe vraiment quelque chose.

Et hop, pour enchaîner après une déception, un petit film bien glauque.Mais au moins, j'étais prévenu de ce que j'allais voir (contrairement à certains spectateurs qui se sont contatés de noter la belle unanimité de la critique sans se rendre compte que ce film ne s'adressait peut-être pas à tout le monde). Mais même en étant préparé, il est vrai que le film n'est pas vraiment facile. Surtout quand, comme moi ce jour-là, on se sent souvent très fatigué après vingt minutes de film, mais c'est bon, j'étais mieux réveillé pour la deuxième moitié, qui est la meilleur :-).

Keane, c'est le nom du personnage principal. Il vaut mieux aimer la tronche de l'acteur qui le joue, car on se la prend en pleine face les trois quarts du temps (et en gros plan qui plus est). Au début du film, il erre dans une gare, à la recherche de sa fillette qu'on lui a enlevée quelque temps auparavant. Il a l'air très paumé, voire un peu perturbé. De bar glauque en hôtel minable, on le colle ainsi un bon moment. Jusqu'à ce qu'il se découvre une voisine dans son hôtel, avec sa fille de 6 ans. En leur rendant un ou deux services, il finit par s'attacher à la petite Kira.

Pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris (mais ils le font un peu exprès, là, quand même), on a ici affaire à un vrai film d'auteur, ultra-réaliste comme on les aime (ou pas). Ceci dit, faut pas exagérer, ceux qui prétendent que les mouvements de caméra sont à vomir ont du oublier leur Lars von Trier aux vestaires, ici, il y a peu de scènes caméra à l'épaule, ça reste plutôt confortable. C'est d'autant plus méritoire de la part du réalisateur d'avoir réussi une atmosphère incroyablement opressante. En collant en permanence à son formidable acteur, et sans aucun artifice (pas une note de musique au cours du film), il réussit à rendre palpable la détresse d'un homme perdu. De ce point de vue, objectif parfaitement atteint.

Et pourtant, il faut bien l'avouer, il y a un petit os. C'est tout simplement qu'on s'ennuie un brin, notamment dans la première partie. Il manque à ce film pour en faire un digne successeur d'un Breaking the waves la force dévastatrice de ce dernier. Ici, on reste un peu sur place. Kerrigan a voulu privilégier l'émotion dans son histoire, mais dans ce cas, pourquoi différer jusqu'à la moitié du film l'introduction des personnages principaux de l'intrigue (Keane mis à part) ? Ensuite, le film trouve un rythme de croisière satisfaisant, et réussit des scènes magnifiques entre Keane et la petite Kira.

Rien que pour cette seconde moitié et pour la maîtrise de son auteur, le film mérite d'être vu, mais il demande une certaine patience et surtout une perméabilité à la sécheresse du film qui ne va pas de soi. Bref, un film à ne pas mettre entre toutes les mains, mais si le coeur vous en dit, vous ferez peut-être une belle dévouverte avec ce Keane.

Roupoil, 3 octobre 2005.



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