Après une période creuse où l'activité cinématographique
la plus intéressante consistait à faire des paris sur le palmarès du
festival de Cannes (j'aurais perdu, mais j'irai voir avec grande curiosité
le film de Haneke quand il sortira), regain de sorties intéressantes en
cette fin de printemps, puisque justement les Canneries débarquent en
foule sur nos écrans. Je ne dis pas que j'irai tous les voir, mais on va
essayer de remonter un peu la moyenne de fréquentation des salles obscures
du Roupoil pour cette année. Pour commencer en douceur, un film présenté
Hors Compétition, et on comprend facilement pourquoi puisqu'il s'agit
juste du retour de Sam Raimi au film d'horreur après une grosse parenthèse
Spiderman. Ayant curieusement plus apprécié ces deniers que le seul
Evid dead que j'ai eu jusqu'ici l'occasion de voir (le deuxième
en l'occurence), c'est sans grandes attentes que je me dirigeais vers ce
nouveau film.
Des attentes, par contre, Christine Brown en a, elle qui est en pleine
lutte pour une promotion au sein de la banque où elle travaille, et
engagée dans une liaison sérieuse avec un brillant jeune homme. Mais de
chaque côté, les adversaires sonot là : le collègue un brin macho et prêt
à tout pour empocher le job, et les parents un peu prout-prout de son
fiancé. Mais Christine va surtout devoir affronter une dernière et
redoutable adversaire en la personne d'une vieille gitane à qui elle
refuse une prolongation de p^rêt, et qui lance sur elle une terrible
malédiction.
Bateau, cette histoire de malédiction ? Vous ne croyez pas si bien dire.
Le scénario du film est en permanence totalement bateau, prévisible et
cliché ... mais c'est assumé ! Une des difficultés quand on fait un film
d'horreur de nos jours, au vu de la quantité de classiques du genre déjà
réalisés, c'est de choisir la distance à laquelle on va se placer. Raimi,
on le sait, donnait franchement dans le n'importe quoi dans ses premiers
films. Ici, c'est plus subtil, mais assez réussi : très classique en
apparence, mais avec cette pointe d'éxagération et de répétition qui fait
qu'on sent que Raimi s'amuse avec les codes du genre. On ne rit pas aux
éclats, mais il y a un côté humoristique plaisant, sans tomber du tout
dans la caricature.
Raimi est bien aidé en cela par une bande-son très convaincante, des
grincements de portail aux explosions de musique qui servent à elles
seules d'effets spéciaux dans la mesure où le film est très économe au
niveau des moyens utilisés (la musique proprement dite est quant à elle
très réussie également). Ajoutez à cela quelques scènes assez gores
réussies, et la réalisation tranquillement efficace de Raimi, c'est
presque suffisant pour passer un bon moment. Presque ? Oui, presque
seulement, car il faut bien admettre que la vacuité du scénario est tout
de même très apparente entre les scènes mouvementées, les personnages
secondaires notamment peinant très fort à trouver une place significative
dans l'intrigue.
Bah, qu'à cela ne tienne, à défaut d'un grand film, raimi nous a pondu une
oeuvre anecdotique, mais très sympathique. Et puis, tout de même, il y a
une scène qui suffirait presque à rendre le film anthologique, celle du
cimetière, absolument grandiose. Rien que pour elle, le film mérite un
regard indulgent !
Roupoil, 1 juin 2009.