La capacité de récupération de nos amis publicitaires est
parfois agaçante : les bons films soi-disant indépendants auront bientôt
droit à autant d'affiches que les autres, mais bien évidemment avec des
commentaires adaptés, censés attirer "leur" public. Pour Juno
donc, le but manifeste était de récupérer les spectateurs qui avaient fait
de Little Miss Sunshine un beau succès l'an dernier. Soyons bon
prince et allons voir le film, puisque nous faisons apparemment partie des
gens qui doivent aller le voir...
Juno est une jeune fille de 16 ans un peu bizarre (enfin, ça c'est le film
qui le dit, car on ne voit pas bien pourquoi, mais bon) qui se retrouve
enceinte suite à une expérience avec l'intello bigleux de la classe. Après
avoir renoncer à se débarasser du bébé, elle se met en quête d'une famille
prête à adopter le bambin, et expérimente les joies de la grossesse.
En fait, le pub sus-mentionnée était peut-être adaptée au film, dans la
mesure où celui-ci joue réellement à fond la carte "indy" (mais non, pas
Harrison Ford, ce sera dans quelques mois ça), de façon assez irritante
parfois : le générique est dans un style arty peu convaincant, la musique
qui l'accompagne est assez résolument grotesque (mais ne soyons pas de
mauvaise foi, elle colle finalement bien au film), et on a surtout droit
dans les premières minutes à une galerie de portraits soi-disant décalés,
alors qu'ils sont en fait tout ce qu'il y a de plus normaux. Un peu plus
tard, le film fera également étalage de quelques références musicales et
cinématogrpahiques manifestement uniquement destinées à être pédant (ils
auraient pu trouver mieux qu'Argento, au passage).
Une fois ces quelques défauts acceptés, ceci dit, le film est fort
agréable à suivre. D'une petite pique à un gentil gag en passant par
quelques réflexions pas inintéressantes, on ne s'ennuie jamais, et le
charisme du personnage principal suffit à nous charmer. On peut tout de
même regretter que le film peine à choisir son camp : jamais très drôle,
pas très émouvant non plus, c'est une simple tranche de vie douce-amère à
laquelle nous convie Jason Reitman.
Seules les dernières minutes s'emballent suffisamment pour laisser voir le
très beau film qu'aurait pu être Juno et qu'on nous a vanté un
peu à tort. Du coup, je ne peux pas m'empêcher d'être un tout petit peu
déçu. Malgré tout, ça se laisse bien regarder (et faites gaffe, la chanson
principale risque de vous rester dans la tête un moment).
Roupoil, 27 février 2008.