Jeux de pouvoir,

film de Kevin McDonald (2009)



Avis général : 7/10
:-) Rythmé, prenant, solide, hyper efficace : du bon cinéma hollywoodien.
:-( Un peu trop de clichés et peut-être un ou deux rebondissements superflus.

La cinéphilie, comme tout le reste en ce bas monde, évolue avec son temps. Elle est bien loin, l'époque où les salles obscures étaient le seul endroit où l'on pouvait voir du cinéma. Après les révolutions qu'ont constitué la télévision et les enregistrements sur VHS puis autres supports, nous sommes désormais plongés dans une nouvelle ère où le support même du film tend à disparaitre : celle du téléchargement. Loin de moi l'idée de lancer une diatribe pour ou contre Hadopi ici, mon but est simplement de constater l'apparition d'une nouvelle forme de dévoreurs d'images, ceux qui les chargent par centaines d'heures pour les regarder devant leur écran de PC, souvent fans de séries télé plus que de cinéma, et faune assez distincte du cinéphile plus classique qui continue à préférer se déplacer pour voir un film en qualité convenable (vous l'aurez compris, je fais plutôt partie de cette dernière catégorie). En tout cas, voila de quoi justifier le curieux parcours à l'origine du film dont je vais enfin me décider à vous parler maintenant : d'abord série télé, passée au grand écran ensuite, un peu à contre-courant de ce qu'on attend logiquement pour une oeuvre de cinéma...

Cal McAffrey est journaliste dans un grand quotidien new-yorkais, du genre vieux briscard qui gère à mort. Il est envoyé enquêter sur le meurtre d'un marginal qui semble lié à une affaire de drogue. Au même moment, la maitresse d'un de ses copains devenu député meurt également, apparemment accidentellement. Les deux affaires ne seraient-elles pas, par hasard, plus liées et moins simples qu'elles n'en ont l'air ?

Des journalistes, une intrigue qui mêle des éléments de film policier et de la politique (très au goût du jour, comme il se doit), une recette déjà éprouvée maintes et maintes fois par le cinéma américain, notamment dans des classiques des années 70 que je n'ai pas vus (un jour j'arrêterai de préciser tous les films que je n'ai pas vus, je passerai moins pour un incompétent). D'ailleurs, ce nouveau venu sur les écrans ne fait vraiment pas dans l'originalité, alignant les personnages (la rédactrice en chef stricte mais au fond compréhensive et compétente) et situations (ah, le retour de la vengeance du duo mal assorti mais qui va en fait casser la baraque !) vues trente mille fois ailleurs. Même le contenu du scénario n'a au fond rien de très surprenant.

Bon, certes, et alors ? On s'en fout ! Quand les ingrédients sont bons, et c'est vraiment le cas ici, il n'y aucune raison de cracher dans la soupe, même si on y a déjà gouté bon nombre de fois. Ici, la mécanique est bien huilée et tourne impeccablement : acteurs au poil, réalisation hyper efficace, rythme totalement maitrisé, il y a de l'action, du suspense, de la tension, tout ce qu'il faut pour nous maintenir plus qu'éveillés jusqu'au dénouement.

À ce propos, tout de même, un petit bémol concernant la résolution finale du mystère, qui a une petite tendance à charger la barque quand un rebondissement de moins aurait peut-être suffi. Enfin, même si ce n'est ni le plus original ni le plus parfait des thrillers politiques, ça fait vraiment plaisir quand on voit un film hollywoodien où l'incontestable savoir-faire est aussi bien exploité.

Roupoil, 3 juillet 2009.



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