Oui, je sais, ça fait un bon bout de temps que je ne suis
pas allé au ciné, mais que voulez-vous aussi, y a ien de rien de tentant
depuis des semaines (hein, quoi, les frères Dardenne ? Non, ça va, j'ai
déjà donné une fois). Pour se changer un peu les idées, une tentative
donc, avec ce thriller islandais qui a mis un peu de temps à arriver
jusque chez nous. Après tout, l'Islande est un pays formidable : les
paysages y sont extraordinaires, ils ont une langue à la con, et surtout
malgré une population d'à peine plus de 300 000 habitants ils ont réussi à
être champions du monde de bridge ! Bon, et le cinéma dans tout ça, alors
? Hein, il vaut quoi le cinéma islandais ?
Dans un bled islandais donc (y a rien d'autre que des bleds de toute
façon), un meurtre a été commis. La victime n'était pas vraiment du genre
irréprochable, ayant été copain avec une bonne partie des ordures du pays
et ayant même trainé dans sa jeunesse dans quelques histoires de viol.
Bon, mais quel est donc le lien entre ce meurtre et de sombres histoires
de maladies génétiques ?
Le début donne vite le ton : image pourrie (on se demande un petit moment
si c'est vraiment volontaire, mais manifestement oui), ambiance assez
glauque et grise, on n'est pas là pour rigoler. Le reste du film le
confirmera, avec son petit lot de scènes et détails limite sordides (le
coup de la tête de cochon devrait faire saliver les plus carnivores
d'entre nous) qui font penser que Seven figure en très bonne
place dans le panthéon personnel du réalisateur. Mais bon, pourquoi pas,
dans la mesure où il fait preuve d'une maitrise certaine de ce style un
peu particulier et, à défaut de nous montrer l'Islande sous un jour très
flatteur, nous distribue quelques très beaux plans.
Par contre, ce qui ne s'améliorera jamais, et qui est également assez
manifeste dès le début, c'est l'impression que le fond a quelque peu été
sacrifié à la forme. L'intrigue n'est pas très originale, mais surtout
traitée avec une certaine désinvolture qui laisse franchement perplexe. On
a très souvent la désagréable sensation d'un fouillis volontaire pour
tenter de rendre plus dense une intrigue qui il est vrai ne l'est pas
vraiment, et les flashs-backs vers la fin ne font que fatiguer le
spectateur qui a compris depuis un petit moment qu'au fond il n'y avait
rien de spécial à comprendre.
Pas l'ombre d'une fausse piste ou d'un détour dans l'enquête, c'est bien
léger pour un film qui se veut à suspense. S'il n'avait son "iceland
touch", ce petit film serait sûrement passé bien inaperçu, mais là il a
sûrement l'occasion d'attirer quelques curieux. Boarf, j'ai déjà eu
l'impression de me faire arnaquer plus que ça...
Roupoil, 17 septembre 2008.