J.Edgar,

film de Clint Eastwood (2011)



Avis général : 4.5/10
:-) Sujet intéressant, on apprend des choses. Le casting est solide.
:-( C'est presque trop soigné niveau réalisation. On s'ennuie poliment.

Papy Clint, du haut de son grand âge, continue à faire des films régulièrement. Et non seulement ça, mais il réussit encore à être attendu comme l'un des piliers de la saison cinématographique, et à attirer les plus grands acteurs à la recherche de leur rôle en or pour les Oscars, comme ici Di Caprio venant se frotter à la mythique figure de J.Edgar Hoover, fondateur et unique directeur du FBI jusqu'à sa mort, qu'il interpète sur plusieurs décennies d'histoire mouvementée des Etats-Unis.

On ne suit pas du tout linéairement l'ascension de Hoover et la construction du FBI, puisque le film est au contraire construit à grands coups de flash-backs, partant des séances de dictée de ses mémoires qu'un Hoover vieillissant impose à quelques-uns de ses subordonnés. Prétexte évidemment à une plongée dans le passé, à quelques périodes clés de la carrière d'Hoover, assez nettement centrées tout de même sur ses débuts. On le voit donc, poussé par sa paranoïa anti-communiste et fan de police scientifique, tenter de lancer presque seul contre tous ce qui deviendra l'un des piliers du pouvoir américaine. On enchainera, entre autres, sur une revue assez détaillée de l'affaire Lindbergh, ainsi qu'un aperçu de ses rapports trop proches avec sa mère, et curieux avec les deux collaborateurs proches que furent son inamovible secrétaire et surtout son bras droit et supposé amant Clyde Tolson.

Tout cela laisse finalement peu de temps à une véritable analyse de la politique intérieure américaine au vingtième siècle, analyse que le film ne fait tout simplement pas, préférant se concentrer sur ce qui se passe en interne au FBI, voire même sur la vie intime de Hoover. L'avantage c'est que l'intrigue n'est pas trop surchargée, et que le film trouve son rythme sans problème. Assez curieusement, le rythme est d'ailleurs assez lent dans l'ensemble. Tout ce qu'il faut pour que Clint laisse s'exprimer à plein son talent toujours indéniable derrière la caméra.

Ben ouais, mais bon, on n'est quand même pas seulement venus pour voir un grand homme souffrir sur fond gris (les choix de couleurs sont assez tristounets), même quand il est bien interprété par DiCaprio. On voit d'ailleurs ce dernier dans quasiment tous les plans, quand Naomi Watts est quasiment reléguée au rôle de figurante (Armie Hammer a droit à un peu plus, et s'en sort pas mal). Peronnages trop peu creusés (même Hoover, dont on est pourtant censé explorer les zones sombres, reste assez opaque), manque de véritables coups d'éclats, enjeux assez faibles, on n'ira pas jusqu'à dire qu'on se fait chier, mais il faut bien admettre que la film ne passionne tout simplement pas.

Peut-être finalement qu'Eastwood finit par tomber dans le piège qu'on craignait tant pour lui, celui d'un académisme un peu plan-plan qui, sans qu'on puisse reprocher grand chose au film, le fait tout de même nettement basculer du côté des films qu'on oubliera vite, très loin des attentes qu'on plaçait en eux. Des films dispensables, somme toute.

Roupoil, 4 février 2012.



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