J'ai rencontré le diable,

film de Kim Jee-Woon (2010)



Avis général : 7.5/10
:-) Très rythmé, hyper bien joué et réalisé, palpitant de bout en bout
:-( Quelques scènes se perdent un peu.

Jamais deux sans trois, dit le proverbe. Après avoir été un peu déçu par Deux soeurs et franchement saoulé par Le Bon, la brute et le cinglé, voici venue ma troisième tentative avec l'encore jeune cinéaste coréen Kim Jee-Won. Pourquoi cet acharnement ? Simplement parce que se trouvaient parmi les rares sorties marquantes de l'été deux films coréens, celui-ci et le nouveau film de Na Hong-Jin, dont j'avais plutôt apprécié The Chaser. À vrai dire, j'aurais d'ailleurs préféré voir ce dernier, mais de bêtes contraintes horaires m'ont mené vers le Kim Jee-woon.

Celui-ci a d'ailleurs un certain lien de parenté avec le Chaser cité plus haut puisqu'il s'agit d'une histoire de vengeance, genre apparemment très classique en Corée. Cela débute par l'assassinat d'une jeune femme par un détraqué, et voit le mari de la trépassée se lancer à la poursuite du tueur pour se venger (comme souvent aussi dans les films coréens, la police est complètement à la masse, donc le vengeur agit seul). Il le retrouvera en fait assez vite, et c'est alors que commencera un drôle de jeu de cache-cache entre le chasseur et sa proie. C'est un peu à qui fera le plus mal à l'autre.

Prévenons déjà les lecteurs potentiellement intéressés (pas sûr que le film reste encore longtemps à l'affiche mais bon), c'est très très violent, il faut non seulement ne pas avoir peur du sang (sinon c'est la syncope assuré), mais peut-être aimer un tant soi peu voir des gens se faire souffrir. Outre les deux personnages principaux, dont l'un est un psychopathe, et l'autre tellement obnubilé par sa vengeance qu'il en devient presque aussi terrifiant, on croisera notamment un cannibale grotesque qui fait assez froid dans le dos. Bref, c'est glauque, très glauque, du genre qui ne laisse pas indifférent.

Mais dans ce genre très spécial, incontestablement, le film est une grande réussite, presque tout est là pour faire de ces deux bonnes heures de pellicule un diamant noir à ranger auprès des meilleurs classiques déviants : un scénario relativement basique mais suffisamment bien ficelé pour être intéressant, avec des rebondissement bien agencés ; un duo d'acteurs géniaux ; et une réalisation impeccable. On pourra tout de même reprocher quelques scènes qui s'étirent un peu inutilement, et surtout un léger manque d'approfondissement côté psychologique, notamment pour le tueur. Bon, évidemment, on peut toujours dire qu'il est timbré, ce qui justifie à peu près n'importe quoi, mais ses agissements ne sont pas toujours très clairs. Au contraire, le personnage du "gentil" est réellement fascinant de bout en bout.

Le film est n'est d'ailleurs pas qu'une succession de scènes plus gore les unes que les autres, il pose réellement plein de questions et laisse une impression durable. Ce n'est peut-être pas encore Orange Mécanique, mais c'est quand même diablement bon. Comme quoi la troisième fois était la bonne...

Roupoil, 31 août 2011.



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