Ne reculant définitivement devant rien pour bousculer un
peu l'ordinaire de cette tribune critique, je vous offre aujourd'hui un
nouveau concept : la double critique parallèle de deux films de
différentes époques sur un thème très voisin, à savoir cet
Ivanhoe et l'antérieur Robin des bois de Curtiz. Même
période historique, intrigues très proches, Technicolor flamboyant, arcs
et épées de sortie, trahisons et joutes verbales presque aussi violentes
que les combats, les deux films ont définitivement beaucoup en commun.
Peut-être alors faudra-t-il les départager sur des détails : Rosza ou
Korngold ? De Havilland ou le duo Taylor/Fontaine ? Commençons par nous
pencher d'un peu plus près sur le classique le plus proche de nous dans le
temps.
Richard Coeur de Lion parti en croisade, son vilain frangin Jean essaie
par tous les moyens de s'approprier le trône anglais vacants avec l'aide
de ses amis normands, opressant au passage les saxons du coin. Cependant,
le fidèle Ivanhoe, après avoir eu confirmation de l'emprisonnement de
Richard en Autriche, est de retour pour collecter la rançon et le libérer,
et accessoirement tataner du normand parce que quand même ce sont de gros
méchants pas beaux, surtout messire de Bois Guilbert.
Le reste de l'intrigue se déroule sans grandes surprises, avec son lot de
châteaux forts, d'évasions improbables et de belle princesse amoureuse du
héros, mais il y a tout de même un ou deux points notablement originaux à
signaler : le principal, c'est l'importance des Juifs dans l'histoire,
puisqu'un pivot principal de l"intrigue est le thème de leur persécution.
Qui plus est, cela permet aussi de varier un peu le côté romance de
l'affaire en ajoutant une deuxième soupirante au bel Ivanhoe. En plus, une
blonde et une brune, chacun en aura pour son goût. Pas vraiment suffisant
pour qu'on soit scotché au siège tant ça reste globalement prévisible,
mais malgré tout ça se suit bien.
De toute façon, le principal intérêt de ce genre de films n'est pas là,
mais bien dans le spectacle procuré. Ici, on a tout ce qu'il faut : un bon
rythme, des acteurs très charismatiques (les Taylor en tête, évidemment,
mais il faut toujours un bon méchant dans un film de chevalerie, et on
l'a ici), de jolis décors et costumes (un brin de carton-pâte n'a jamais
fait de mal à personne), une musique entrainante, et quelques répliques
trop belles pour être vraies mais toujours réjouissantes d'Ivanhoe face
aux méchants normands. Bref, c'est tout à fait divertissant, et j'avoue
que j'ai toujours un petit faible pour le tournoi et le duel final, très
bien mis en scène. L'attaque du château n'est pas mal non plus dans son
genre.
Je n'avais pas revu le film depuis mon enfance, mais je trouve qu'il a
définitivement gardé tout son charme. Ce n'est peut-être pas du cinéma de
génie, mais c'est du blockbuster totalement efficace, comme on n'en fait
peut-être plus assez...
Roupoil, 5 novembre 2008.