Toledano et Nakache, vous connaissez ? Ou plutôt vous
connaissiez avant l'énorme buzz créé par leur dernier film ? Moi oui,
puisque j'avais été séduit il y a quelques années par leur deuxième tentative,
Nos jours jeureux, déjà un beau petit succès sur fond de colonies
de vacances. Après avoir zappé un troisième long passé nettement plus
inaperçu, voila que je retrouve notre duo devenu star absolu du cinéma
hexagonal, avec un triomphe marchant sur les traces du Dany Boon de
Bienvenue chez les ch'tis. Et pourtant, la bande-annonce et son
assez mauvais "Pas de bras, pas de chocolat" (tout aussi mauvais intégré
au film, d'ailleurs) m'a fait trainer des pieds. Et puis, un si gros succès
populaire, c'est louche, non ?
Les intouchables, donc, ce sont Philippe et Driss, deux hommes qui n'auraient
certainement jamais du se rencontrer. Philippe, très riche homma d'affaires,
est fan de musique classique et de parapente, jusqu'au jour où un bête
accident le cloue sur un fauteuil. Driss, jeune de banlieue ayant fait un
petit tour par la case prison, postule par hasard et pour les ASSEDIC pour
un poste d'aide à domicile chez Philippe. Contre toute attente, ce dernier
le prend à l'essai. Entre vannes et confrontations surprenantes, les deux
lascars vont réussir à s'approvoiser.
Le duo mal assorti ? Ce n'est même plus un classique de la comédie, c'est
un cliché. Ca tombe bien, les clichés, les compères Toledano et Nakache
n'en ont pas peur. Le bourgeois aime Vivaldi et l'art contemporain
incompréhensible, il vit dans un appartement grotesquement anachronique,
alors que le black, forcément, fauche ce qu'il trouve sous sa main,
collectionne les numéros de putes et a un nombre de frères et soeurs qui
nécessite deux ou trois mains pour être compté. Bref, comme dans Nos
jours heureux, ça surfe assez franchement sur la vague de la facilité,
et énormément de gags sont très attendus. Quand on parle de colonies de
vacances, ce côté naïf passe assez bien. Pour une histoire nettement plus
complexe comme celle-ci, ça pourrait mettre le film par terre.
Et pourtant, non. Car les auteurs ont quand même ajouté par-ci par-là quelques
touches un peu plus subtiles à leur portrait. Le destin de Driss et le mal
des banlieues et un peu évoqué (pas assez, certes), et il y a quelques
pointes presque osées sur la vie sexuelle des handicapés. Il y avait
sûrement même de quoi donner au film une tout autre dimension avec ces
thèmes. Soyons francs, ce sont des pistes pas vraiment explorées, comme si
le duo de réalisateurs avait peur de se démarquer d'une recette qui marche.
De fait, malgré ces bémols, la recette marche effectivement. On est bêtement
pris par les péripéties de l'intrigue, on rigole gentiment aux bêtises
sorties par Driss, et on passe un bon moment. Le duo improbable, bien
interprété par Cluzet et Sy, réussit son coup : forcer notre sympathie.
Pas de miracle donc, mais pas de quoi être déçu non plus.
Roupoil, 21 décembre 2011.