En ce début d'année, les affaires reprennent sur les
écrans avec quelques sorties très attendues de films qui ne vont pas
tarder à se battre outre-Atlantique pour les statuettes dorées des Oscars.
Première livraison aujourd'hui avec le nouveau film de Sean Penn, certes
plus connu pour ses performances devant la caméra, mais qui n'en est plus
vraiment à son coup d'essai.
Chris est un jeune homme plein d'avenir : tout frais diplomé de son lycée
et promis à Harvard, et même une nouvelle voiture offerte par papa maman.
Sauf que Chris envoie chier papa maman et leur nouvelle voiture. Puis il
envoie chier tout le reste, pour aller se faire une virée roots au coeur
des Etats-Unis, avant de se diriger au milieu de la nature sauvage, en
plein Alaska. Sur sa route, il croisera des gens, des vrais, et il
continuera à s'imbiber de bouquins pseudo-ésotériques qui le confortent
dans sa quête d'isolement.
C'est un film écolo, parait-il. Ah ben oui, ça y a pas de doute, c'est
plein de belle nature et de discours grotesques comme savent si bien le
faire les gentils farfelus qui se prétendent habituellement écolos. Soyons
un peu sérieux, le côté écolo du film, à l'image de son héros qu'on aurait
bien envie de baffer un certain nombre de fois pendant le film, est bien
naïf. D'ailleurs, on a la fâcheuse impression que les flash backs sur
l'affreuse enfance de Chris dans sa famille de gros vilains ne sont là que
pour justifier la drôle de décision du jeune homme, qui de fait ne semble
pas reposer sur grand chose. Mais ces passages en voix off sont plus
lourdingues qu'autre chose, et pendant la première demi-heure du film, on
est pas loin de s'emmerder.
Mais quand le film se décide à se concentrer sur les péripéties vécues par
Chris, il regagne en intérêt. Pas tant pour le charisme de son héros, au
fond assez effacé, que pour la galerie de portraits décalés qu'il brosse
des quelques personnes auxquelles il s'attache durant son périple. Un peu
à la façon d'un Easy rider en son temps, c'est une face cachée de
l'Amérique qui nous est ici présentée de façon sobre et honnête (enfin, on
suppose). Pas inintéressant du tout.
Je ne peux pas non plus finir cette critique sans dire deux mots des
paysages naturels : bon, oui, c'est sympa l'Alaska ou le canyon du
Colorado, m'enfin c'est pas un documentaire qu'on est venus voir. Niveau
technique, les quelques fioritures apportés à la réalisation sont
essentiellement inutiles. Peut-être une tentative de relever le niveau
d'un film qui reste somme toute assez creux ? Pas désagréable, mais tout
de même pas mal de bruit pour pas grand chose.
Roupoil, 1 février 2008.