Inland Empire,

film de David Lynch (2006)



Avis général : 4/10
Pourcentage gozu : 50%
:-) Une recherche sur l'image et le son qui ne laissent pas indifférent. Des acteurs impliqués.
:-( J'aime pas l'image. Et puis Lynch a atteint un extrême où je n'ai pas vraiment envie de le suivre.

David Lynch, le retour, après quelques années d'absence. Il faut dire que son dernier film avait fichu un sacré coup à la planète cinéma, ou du moins à mon auguste personne. Lynch, l'enfant terrible du cinéma américain, qui depuis maintenant trente ans navigue à vue aux abords d'une incertaine frontière entre le cinéma "commercial" et l'art contemporain (vous savez, les installations incompréhensibles qu'on voit dans les musées), avait atteint avec Mulholland Drive une sorte d'extraordinaire point d'équilibre entre ces deux tendances. La question était donc : mais que va-t-il nous sortit maintenant ?

La réponse a été en partie donnée par Lynch lui-même via le format utilisé : désormais, il tourne en numérique, caméra à la main, pour se laisser plus de liberté. Indiscutablement, ça se voit : le grain n'est pas le même, c'est flou, les couleurs sont dures. Je dois dire qu'en ce qui me concerne, la pilule est un peu dure à avaler. Pourtant, on ne peut pas nier que le travail de l'image est une fois de plus monumental, et extrêmement intéressant. Simplement, ce film est visuellement beaucoup moins séducteur que son précédent, plus extrême.

Commentaire qui, en fait, pourrait s'appliqer au film tout entier. Ce qui répond d'ailleurs à la question que je me posais initialement : Lynch est carrément parti très loin dans la direction de l'oeuvre d'art presque abstraite. On avait l'habitude d'avoir du mal à comprendre les délires de l'ami David, mais en général, on pouvait au moins tenter de suivre une ligne directrice, saisir quelques personnages, et savourer une scène en elle-même "normale". Ici, rien de tout ça, il n'y a pas de branches auxquelles s'accrocher, c'est le grand plongeon dans un grand kaléidoscope sans grande cohérence. On sent bien derrière tout ça des pistes de réflexion se dessiner, notamment sur la confusion entre l'actrice et le rôle qu'elle joue (thème qui, vous le noterez, avait déjà été pressenti par Roupoil lui-même à la fin de sa désormais célèbre analyse de Mulholland Drive), mais pas vraiment d'actions qui se suivent (du moins après la première heure), juste des bribes à recoller ... ou pas.

Les personnages avec qui je suis allé voir le film n'ont pas aimé du tout. Je les comprends. Certains crient au chef-d'oeuvre intégral. Je peux l'admettre aussi. Comme toujours, je vais éviter de trop me mouiller dans un sens ou dans l'autre, en disant que si le film est indiscutablement intéressant, je n'y ai que peu accroché (vous avez le doit de traduire "je me suis fait chier" sans beaucoup déformer). En gros, ce n'est pas ce genre d'oeuvre que j'ai envie d'aller voir au cinéma. Mais je ne pense pas avoir perdu mon temps devant les trois longues heures de cette étonnante expérience visuelle. Lynch reste un formidable manipulateur d'images et de sons.

Roupoil, 12 février 2007.



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