Quoi ?? Roupoil est allé voir le dernier Tarantino ??
Mais tout le monde était pourtant persuadé qu'après sa critique
assassine du précédent, il ne retenterait jamais l'expérience ! Eh oui,
et d'ailleurs, je dois bien admettre que j'en était moi-même assez
convaincu. Mais deux raisons m'ont finalement poussé à retenter
l'expérience. La première, tout bête, c'est que je suis toujours censé
visionner à leur sortie tous les films cannois, et celui-ci faisait
évidemment partie de la sélection. L'autre raison, je suis bien obligé
de l'admettre, c'est que malgré tout le film me tentait. Les affiches,
les bandes-annonces, le sujet, tout me donnait envie d'aller voir un
film que je savais pourtant par ailleurs avoir de bonnes chances de ne
pas apprécier. S'il y a bien une chose que le père Tarantino maitrise
indéniablement, c'est le teasing. Pas étonnant que son film soit une
fois de plus l'événement cinéma de l'été, et peut-être même de l'année
2009.
Dans une France occupée par les nazis, donc, ça chauffe pour les juifs
(Tarantino n'est peut-être pas très soucieux de la vérité historique,
mais ça, quand même, c'est resté). Notamment le famille de la jeune
Shosanna, seule survivante d'une mitraillette-party en pleine campagne.
Il n'y a pas que les nazis pour aligner les cadavres, puisqu'il s'agit
également de l'objectif du commando de soldats juifs menés par le très
américain lieutenant Raine, bientôt célèbre auprès des allemands pour
semer la terreur dans leurs troupes. Tout ce beau monde va se retrouver
un peu par ailleurs pour un final flamboyant dans un cinéma parisien.
Bon, par où commencer ? Ce qui est mieux dans ce nouveau Tarantino, ou
ce qui fait que malgré tout on reste assez loin du chef-d'oeuvre ?
Allons-y pour les bonnes choses : il y a sensiblement moins de
bavardages insipides que d'habitude. Malgré une ou deux scènes
insupportablement longues (dont l'introduction dans la ferme), on ne
s'emmerde que fort rarement, ce qui est déjà bien. Il faut dire que le
contexte de la seconde guerre mondiale inspire à Tarantino une galerie
de personnages de son cru assez intéressante, et surtout campée par une
pléiade d'acteurs géniaux à qui l'on doit l'essentiel du sel de cette
grosse machinerie. Ne soyons pas non plus si méchants, la réalisation de
Tarantino est plutôt inspirée.
Là où le bât blesse, c'est en fait au niveau du scénario, et même plus
précision du déroulement des événements (car le fond du scénario est
loin d'être pourri). On a souvent la fâcheuse impression que Tarantino a
consciencieusement saboté sa propre histoire pour pouvoir y caser
quelques scènes qui portent indéniablement sa patte. Pour faire cool et
sanglant, donc, on a droit à plusieurs moments à de véritables carnages
qui s'insèrent au fond assez mal dans la continuité du récit (les morts
dans la salle de projection, notamment, laissent plus que perplexe). On
en finirait presque par se détâcher du sujet principal tellement ça
tourne à la grosse farce où tout le monde finit étripé. Ca ne me
ressemble pas de dire ça, mais un peu plus de sérieux aurait vraiment
été préférable.
Enfin, j'imagine qu'on ne se refait pas, et qu'un film de Tarantino doit
rester du Tarantino, avec trop de dialogues, des références poussives
aux films du passé et un abus de ketchup quand ça flingue. Sa dernière
tentative a le mérite de faire passer un assez bon moment, mais il reste
pour moi un réalisateur honteusement surestimé.
Roupoil, 5 septembre 2009.