Comme vous vous en doutiez si vous avez lu mes dernières
critiques, le dernier volet de la saga ne pouvait réellement tarder. Une
petite maladie à la veille de Noël ayant fourni le prétexte, la voici, un
grand sourire aux lèvres car, comme vous l'avez peut-être déjà compris, ce
troisième épisode est, comme pour un certains nombre de fans de la série,
mon préféré.
On commence avec les tribulations d'un Indy scout et tout jeunot, mais
déjà intrépide. Une course-poursuite dantesque lui fait perdre la croix
qu'il recherchait, mais gagner un fouet et un chapeau désormais mythiques.
Il se venge une trentaine d'années plus tard, mais ce n'est pas le sujet
du film (on commence à avoir l'habitude avec Indy). Non, la quête du jour
est la plus sacrée qui soit, celle du Graal. C'est en fait papa Jones qui
s'y intéresse, jusqu'à ce qu'il disparaisse sans laisser de traces. On ne
connaissait pas à Indy la fibre familiale mais, accompagné du fifèle
Marcus et de la charmante Elsa Schneider, il repart à l'aventure, d'abord
à la recherche d'un tombeau à Venise, puis de son cher père dans un
château autrichien infesté de nazis.
Retour aux sources, dites-vous ? C'est le moins qu'on puise dire, et c'est
même un des rares reproches qu'on puisse faire au film, il est extrêmement
proche du premier opus. Recherche d'un objet sacré, gros méchants nazis,
course avec tanks dans le désert, on a déjà vu ça quelque part. Ce léger
bémol mis, reste le concert de louange, car Spielberg et son équipe ont
réussi non seulement à retrouver entièrement l'esprit du premier volet,
mais même à faire encore mieux. Les qualités sont bien sûr les mêmes :
intrigue captivante, scènes d'actions époustouflantes, acteurs excellents,
et un sens du rythme inégalable. En plus, le scénario nous réserve deux
cadeaux savoureux : le premier, tout au début, c'est l'enfance d'Indy, qui
introduit de façon géniale le film et quelques éléments du mythe Indiana
Jones. Le second, c'est bien sûr le personnage du père d'Indy, et Sean
Connery avec sa barbiche, rôle qui dynamite carrément le film. Il permet à
Spielberg de réaliser quelques scènes intimistes inattendues mais
convaincantes et surtout de renouveler terriblement efficacement l'humour
du film. A Connery l'une des répliques inoubliables du film : "Elle parle
en dormant". Plus qu'un simple ajout sympathique, Henry Jones est la
trouvaille qui permet au film de surpasser son grand frère.
S'il faut vraiment trouver un ou deux petits défauts à cette mécanique
bien huilée, ce serait plutôt au niveau des méchants du film : moins
caricaturaux qu'avant peut-être, mais ils manquent de chair. Elsa
Schneider est certes moins cruche que la blonde du Temple maudit, mais
également moins intéressante que la Marion de l'Arche perdue, et Donovan
ne vaut pas Bellocq. Par contre, John Williams se surpasse une fois de
plus à la BO. Que dire de plus ? Se remémorer avec délice les trois
épreuves surmontées par Indy pour atteindre le Graal, le chevalier
moyen-âgeux et le choix du calice, autant de moments transformant la
dernière demi-heure du film en pure séquence d'anthologie. Un sommet
absolu du divertissement, à voir et revoir encore, même pour le plus féru
des cinéphiles, pour se détendre entre un Bergman et un Kurosawa ;-).
Roupoil, 19 décembre 2005.