Un Indiana Jones pouvant en cacher un autre, me voici
devant le deuxième volet des aventures du plus athlétique des
archéologues, quelques jours après le premier. Second volet réputé pour
être le plus faible de la série, et accessoirement celui dont je me
souvenais le moins, ne l'ayant vu qu'une seule fois dans ma tendre
enfance.
Rappelons qu'il ne s'agit pas vraiment d'une suite du premier épisode,
puisqu'il se déroule un avant. Exit les nazis, tout commence à Shangaï où
Indy est aux prises avec des vilains chinois dans un bar hyper kitsch. Il
y perd un diamant, mais récupère la blonde qui y poussait la chansonnette,
et s'en sort avec l'aide de son pote Demi-Lune, haut comme trois pommes
mais déjà presque aussi balaise que son maître spirituel. Un descente de
falaise en canot pneumatique plus tard, il est embarqué dans une sombre
histoire d'enlèvement d'enfant au fin fond de l'Inde mystique.
Encore une fois, on sait dès les premières minutes qu'on passera à nouveau
un bon moment en compagnie d'Indiana Jones. L'efficacité de la
réalisation, le second degré omniprésent mettent l'eau à la bouche. Après
le départ en avion, on pense qu'on est reparti pour de folles aventures
aux quatre coins du monde. Et puis, il faut bien l'admettre, il y a toute
une partie un peu décevante. Déjà, le second degré, sans lequel Indiana
Jones ne serait certes pas ce qu'il est, est poussé dans ses ultimes
retranchements, voire un peu plus loin. Là où le premier volet était une
subtile caricature de film d'aventures, le second est une caricature du
premier ! Scènes franchement irréalistes (le saut en canot depuis l'avion
!), la fille est franchement potiche (la scène avec les bestioles dans la
forêt est hilmarante mais ridicule) et les décors carte postale font
affreusement factices par moments. Et puis l'intrigue est menée de façon
assez déconcertante. Il n'y a pas de mouvement, les éléments tombent dans
les mains d'Indy de façon assez saugrenue.
Heureusement, une fois dans le temple maudit du titre, on retrouve tous
les éléments qui avaient fait le grand succès des aventuriers de l'arche
perdue, et on est à nouveau enthousiastes. Les scènes cultes ne manquent
pas (le repas et la course-poursuite en wagonnets dans la mine, bien sûr),
le film présente un côté plus sombre que le premier opus qui est assez
intéressant, et l'action est à nouveau omniprésente. On parle souvent à
propos d'Indiana Jones d'un esprit BD, mais ce qui me frappe en revoyant
ces films avec un peu de recul, c'est plutôt la parenté avec le jeu video
(pourtant fort peu développé à l'époque de la sortie des films). Le héros
solitaire qui combat des dizaines d'ennemis à lui tout seul, dont certains
font vraiment office de boss de fin de niveau, les courses, le rythme,
tout semble avoir été fait pour une adaptation future plus interactive. Et
on prend déjà beaucoup de plaisir à regarder, sans même intervenir dans
l'action.
La deuxième heure du film suffit amplement à faire oublier les défauts de
la première, et à octroyer à l'oeuvre sa place aux côtés de son grand
frère au rang des classiques du film d'aventures, sans toutefois atteindre
la maîtrise incroyable du premier volet, que Spielberg retrouvera
quelques années plus tard pour offrir un couronnement magnifique à cette
trilogie.
Roupoil, 30 novembre 2005.