Après une résurrection du plus célèbre des super-héros
couronnée d'un gros succès mondial, c'est le retour sur nos écrans d'un
Christopher Nolan qui a certainement désormais les mains libres pour
faire à peu près ce qu'il veut à Hollywood. Ca tombe bien, il ne manque
pas d'idées, et son nouvel opus arrive précéde d'un bon gros buzz et
d'une bande-annonce fort intrigante. Vous me direz, ça ne m'a pas
empêché d'attendre un bon bout de temps avant d'aller le voir, mais on a
attendu de trouver un créneau pratique pour aller le voir à deux (ça
faisait bien longtemps que ça ne nous était pas arrivés d'aller au ciné
ensemble).
L'histoire suit le parcours d'un drôle de voleur dont les cambriolages
se font à l'intérieur des rêves. Exilé hors de son pays suite à une
opération qui a mal tourné, il se voit confier une dernière mission
particulièrement ambitieuse : tenter de faire germer dans l'esprit d'un
jeune héritier de multinationale qu'il a tout intérêt à démanteler son
empire. Notre héros embuche une équipe de spécialistes et se lance à
l'aventure. Mais tout ça n'est que prétexte à partir à la poursuite de
son passé et de sa femme, décédée dans de mystérieuses circonstances.
Pénétrer le monde des rêves c'est laisser libre cours à la fantaisie et
un champ de possibilités quasi infinies. Mais, comme on pouvait
peut-être s'en douter au vu des antécédents du bonhomme, Nolan ne force
pas vraiment sur la poésie, fondant son film sur un méli-mélo
scientifico-rationnalisant comme Hollywood les affectionne mais qui est
tout de même, il faut bien l'admettre, un peu plombant. Pendant une
bonne heure, les éléments se mettent en place sans grande subtilité, et
on a droit à une dose de dialogues explicatifs un peu niais qui aurait
sûrement bien fait d'être sévèrement réduite au montage. Surtout qu'on
se rend compte in fine que ce qui semblait être le coeur de l'intrigue
n'est au fond qu'une sorte de gros décor de fond (les relations de
l'héritier aves son papa restent très floues, et très franchement on
s'en cogne) prétexte à insérer une bluette en flash-back (après
Shutter Island, ça commence à devenir une habitude pour Di
Caprio) pas très originale ni inspirée, et une quantité fort appréciable
de scènes d'action pétaradantes.
Car, ne l'oublions pas, on reste dans le domaine du blockbuster, et
Nolan n'y est pas allé de main morte : les rêves sont peuplés d'une
véritable armée de soldats prêts à dézinguer tout ce qui bouge, et les
sempiternelles suspenses à coup de "plus que trois minutes pour sauver
le monde" (ou le héros en l'occurence) sont là aussi. Ca fait plus James
Bond que film onirique, mais ne nous plaignons, puisque c'est là qu'on
trouve le meilleur du film ! Nolan est autrement plus doué que les
tâcherons ayant bousillé les dernières aventures de 007, et on prend
grand plaisir à suivre une dernière heure trépidante, parsemée de plans
magnifiques, notamment côté niveaude rêve intermédiaire où Joseph
Gordin-Levitt se bat avec des corps flottants en apesanteur, c'est
vraiment réussi. D'ailleurs, visuellement, tout le film est tout à fait
réussi. Musicalement, c'est nettement moins vrai : l'espèce de rythmique
obsédante censée faire monter la tension, ça collait très bien pour
Batman, là c'est simplement lourd.
Impressions très mitigées donc pour ce poids-lourd estival. Si le film
finit par remporter la mise, c'est curieusement plus pour son côté gros
film d'action très bien maîtrisé que pour celui, pourtant mis en avant,
de film de science-fiction révolutionnaire au scénario diabolique. Je ne
suis vraiment pas convaincu que Nolan ait exploité son film dans la
meilleure direction (mais bon, c'est sûr, ça cartonne auprès du public,
alors...).
Roupoil, 9 septembre 2010.