Il était une fois dans l'Ouest,

film de Sergio Leone (1968)



Avis général : 7/10
:-) Des scènes mythiques, une musique et un décor exceptionnels, une réalisation inimitable, il y a du bon.
:-( Mais quand même, il y a des moments où c'est TROP lent.

Continuons dans notre série des films cannois avec ce petit western récemment tourné par un jeune réalisateur italien très prometteur. Ah non, c'est pas ça ? Bon, oui, une petite séance détente avec cet immense classique, le dernier grand western de Sergio Leone, quelques années après sa fameuse trilogie des dollars qui révolutionna le genre. Autant Le Bon, la brute et le truand fait partie de mon panthéon cinématographique depuis un petit moment, autant Il était une fois dans l'Ouest n'avait eu droit de ma part qu'à une vision, dans des conditions fort médiocres (sur une toute petite télé), et pire, le film ne m'avait pas vraiment convaincu ! Il était grand temps que je rattrape ça dans des conditions un peu plus raisonnables (non, pas tout à fait sur grand écran, hélas, mais tout de même sur un écran moins petit, on va dire).

Dans un bled paumé du Far West, un irlandais têtu se fait un beau jour trucider sauvagement avec sa petite famille, et ce le jour même où sa nouvelle épouse devait le rejoindre dans sa ferme. Quelle est la raison de ce massacre, se demande la nouvelle venue ? Pour l'aider dans ses recherches, un drôle d'aventurier vaguement inquiétant du nom de Cheyenne, et surtout un mystérieux joueur d'harmonica à la gachette redoutable, qui est lui-même sur la piste d'un certain Frank, qui quand à lui est l'homme de main d'un magnat du rail physiquement diminué.

Bref, une intrigue à tiroirs somme toute relativement classique mais bien menée, qui est surtout un bon prétexte à analyser un peu quelques personnages un tout petit peu archétypaux mais loin d'être inintéressants. Assez curieusement, ce n'est pas l'homme à l'harmonica le plus intéressant (on en apprend de toute façon bien peu sur lui), mais bien les "seconds rôles" de Jill et surtout de Cheyenne, un feux méchant truculent comme on les aime. Du côté des vrais méchants aussi, on a d'ailleurs droit à une interprétation hors pair.

Et puis bien sûr, en dehors de bêtes considérations de scénario, il y a tout ce qui a fait de ce film une oeuvre absolument mythique. Je me suis soudain rendu compte qu'en voyant d'abord ce film sur petit écran, j'avais raté la moitié de l'intérêt du film, à savoir les formidables paysages si bien scrutés par la caméra de Leone (les gros plans sur les visages font partie de la catégorie paysages, bien entendu). L'autre moitié, c'est évidemment l'inoubliable bande-son concoctée par un Morricone au sommet de son oeuvre. Musique qui suffit presque à elle seule à rendre réellement cultes bon nombre de scènes (l'arrivée du thème après le massacre des irlandais est énorme) ... et à faire tenir le spectateur lors de bon nombre d'autres beaucoup moins inoubliables !

Car si le film possède bien un défaut, et un gros, c'est tout de même son rythme. Ok, c'est le style qui veut ça, mais il y a des limites à l'étirement ! Le film fait tout de même 2H40 sans rien qui le justifie réellement, avec des passages aux frontières du pénible (les dix premières minutes sont assez symptomatiques !). En fait, il y a une sorte de syndrôme du chef d'oeuvre chiant qui plane au-dessus de tout le film, sans le contaminer réellement (heureusement !), mais en se faisant suffisamment sentir pour que je ne le considère pas, en ce qui me concerne, comme un chef-d'oeuvre. Un film incontournable, oui, au style incroyablement maitrisé, mais finalement moins jouissif que les westerns précédents de Leone, car simplement moins ludique.

Roupoil, 10 juin 2009.



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