Continuons dans notre série des films cannois avec ce
petit western récemment tourné par un jeune réalisateur italien très
prometteur. Ah non, c'est pas ça ? Bon, oui, une petite séance détente
avec cet immense classique, le dernier grand western de Sergio Leone,
quelques années après sa fameuse trilogie des dollars qui révolutionna le
genre. Autant Le Bon, la brute et le truand fait partie de mon
panthéon cinématographique depuis un petit moment, autant Il était une
fois dans l'Ouest n'avait eu droit de ma part qu'à une vision, dans
des conditions fort médiocres (sur une toute petite télé), et pire, le
film ne m'avait pas vraiment convaincu ! Il était grand temps que je
rattrape ça dans des conditions un peu plus raisonnables (non, pas tout à
fait sur grand écran, hélas, mais tout de même sur un écran moins petit,
on va dire).
Dans un bled paumé du Far West, un irlandais têtu se fait un beau jour
trucider sauvagement avec sa petite famille, et ce le jour même où sa
nouvelle épouse devait le rejoindre dans sa ferme. Quelle est la raison de
ce massacre, se demande la nouvelle venue ? Pour l'aider dans ses
recherches, un drôle d'aventurier vaguement inquiétant du nom de Cheyenne,
et surtout un mystérieux joueur d'harmonica à la gachette redoutable, qui
est lui-même sur la piste d'un certain Frank, qui quand à lui est l'homme
de main d'un magnat du rail physiquement diminué.
Bref, une intrigue à tiroirs somme toute relativement classique mais bien
menée, qui est surtout un bon prétexte à analyser un peu quelques
personnages un tout petit peu archétypaux mais loin d'être inintéressants.
Assez curieusement, ce n'est pas l'homme à l'harmonica le plus intéressant
(on en apprend de toute façon bien peu sur lui), mais bien les "seconds
rôles" de Jill et surtout de Cheyenne, un feux méchant truculent comme on
les aime. Du côté des vrais méchants aussi, on a d'ailleurs droit à une
interprétation hors pair.
Et puis bien sûr, en dehors de bêtes considérations de scénario, il y a
tout ce qui a fait de ce film une oeuvre absolument mythique. Je me suis
soudain rendu compte qu'en voyant d'abord ce film sur petit écran, j'avais
raté la moitié de l'intérêt du film, à savoir les formidables paysages si
bien scrutés par la caméra de Leone (les gros plans sur les visages font
partie de la catégorie paysages, bien entendu). L'autre moitié, c'est
évidemment l'inoubliable bande-son concoctée par un Morricone au sommet de
son oeuvre. Musique qui suffit presque à elle seule à rendre réellement
cultes bon nombre de scènes (l'arrivée du thème après le massacre des
irlandais est énorme) ... et à faire tenir le spectateur lors de bon
nombre d'autres beaucoup moins inoubliables !
Car si le film possède bien un défaut, et un gros, c'est tout de même son
rythme. Ok, c'est le style qui veut ça, mais il y a des limites à
l'étirement ! Le film fait tout de même 2H40 sans rien qui le justifie
réellement, avec des passages aux frontières du pénible (les dix premières
minutes sont assez symptomatiques !). En fait, il y a une sorte de
syndrôme du chef d'oeuvre chiant qui plane au-dessus de tout le film, sans
le contaminer réellement (heureusement !), mais en se faisant suffisamment
sentir pour que je ne le considère pas, en ce qui me concerne, comme un
chef-d'oeuvre. Un film incontournable, oui, au style incroyablement
maitrisé, mais finalement moins jouissif que les westerns précédents de
Leone, car simplement moins ludique.
Roupoil, 10 juin 2009.