Un de mes colocataires me faisait remarquer il y a peu
que j'avais beaucoup de films longs dans ma DVD-thèque. C'est
indiscutable, mais ce n'est pas de ma faute si beaucoup de grands films
dépassent allégrement les deux heures. Cette fois-ci, on passe carrément à
la taille patron, avec les 3 heures 40 du dernier film de Sergio Leone.
Pour ce testament tourné une quinzaine d'années après son dernier western,
Leone change de style et passe à la chronique de gangsters, genre auquel
se sont frottés un certain nombre de grands avant ou après lui (Coppola
aurai-il suscité des vocations ? C'est un peu con, dans la mesure où
surpasser les Parrain 1 et 2 semblait plus ou moins peine perdue,
mais bon). Voyons donc ce qu'il a à dire.
Noodles revient à New York, quelque trente ans après avoir quitté la ville
après avoir trahi sa bande et l'avoir mené au massacre. Peut-être enfin
l'occasion d'éclaircir la disparition d'un million de dollars dans
l'affaire. En attendant, Noodles se souvient. Des débuts de la bande,
encore des gamins, dans le quartier juif, jusqu'à son premier meurtre, qui
l'enverra quelques années derrière les barreaux. Puis de sa sortie de
prison, et de sa difficile réintégration dans un monde qui a évolué sans
lui. Max, son meilleur ami, ne partage plus toutes ses convictions...
Des gangters, De Niro et Woods en tête d'affiche, et même un petit rôle
pour Joe Pesci, on ne peut pas s'empêcher d'avoir une petite pensée pour
Martin Scorsese. Eh bien, on a tort, ça n'a rien à voir. Leone n'anticipe
pas plus le style de Scorsese qu'il ne copie celui de Coppola. Son film se
range en fait plutôt du côté des films intimistes. Des fusillades ou des
scènes d'action, il y en a finalement très peu dans ce film. D'une part,
Leone ne cherche jamais à faire un portriat du milieu, mais centre
constamment le film sur le personnage de Noodles. D'autre part, tout ici
est raconté par le prisme du souvenir, via une construction en flash-back
assez bien foutue (qui se permet l'audace révéler une bonne partie de
l'intrigue dans le premier quart d'heure). Tranches de vie, émotions,
priment sur la description des agissements de la bande, qui restent
d'ailleurs assez flous. Un mode de narration ma foi original et
intéressant, qui permet au film de dégager un constant parfum de
nostalgie.
Par contre, on ne peut pas cacher que comme il ne se passe finalement pas
grand chose, les presque quatre heures semblent un poil longuettes. Leone
nous fait des plans qui s'éternisent, c'est certes très beau mais on n'en
saisit pas toujours l'intérêt. Franchement, je pense que le film aurait
gagné à durer une heure de moins (je vais dire une horreur, mais je
serais curieux de voir ce que donne la version commerciale coupée). On a
tout de même de grands acteurs pour nous accompagner (j'avoue tout de même
que je ne suis pas fan du Noodles jeune, mais ça a été compensé par
Jennifer Connely dans un de ses premiers rôles), une musique Morriconesque
à souhait, et de fort belles images.
Si vous avez un après-midi à tuer, ça suffira largement à vous faire
passer un bon moment, à condition de rentrer dans l'atmosphère du film.
Faire un film de gangsters contemplatif, une idée surprenante mais qui
tient finalement pas mal la route. Je préfère tout le même le Leone
période spaghetti...
Roupoil, 3 janvier 2007.