Dans la catégorie des incontournables du cinéma estival
en France, voici le blockbuster avec Will Smith en tête d'affiche.
Bon point, ça se veut dans l'esprit d'Asimov. Mauvais point, ça a
l'air très action grand public. La subtilité des théories du
spécialiste des robots y sera-t-elle bien respectée ? J'avoue que la bande
annonce m'avait fait un peu peur : on y voyait des méchants robots et un
gentil Will Smith se battant contre eux, bref ça avait l'air très
manichéen et peu asimovien. Mais bon, il faut bien s'occuper pendant les
longues soirées d'été, rentrons dons dans la salle en essayant d'éviter
les préjugés.
Le scenario est assez simple, mais pas simpliste et, ouf, est fortement
ancré sur l'interprétation des trois lois du bon vieux professeur Asimov.
Dans un futur pas très lointain, la robotique a beaucoup progressé, et les
machines sont devenues des sortes d'androïdes capables d'effectuer toutes
sortes de tâches d'ordre ménager et dotées d'une intelligence artificielle
proche de celle d'un être humain. Toutefois, ils sont programmés pour ne
pas pouvoir faire de mal aux humains et les défendre en cas de besoin.
Spooner, alias Will Smith, flic de son état, n'a jamais été convaincu par
ces tas de ferrailles et représente un cas apparement unique d'humain
anti-robot. Il va justement avoir l'occasion d'appliquer ses théories
suite au "suicide" du docteur Lanning, le génie de la robotique qui
supervise la fabrication de toutes les séries de robots depuis l'invention
du cerveau positronique qui a permis la création de leur intelligence
artificielle très développée. En coopération/friction avec le docteur
Calvin, expert ès psychologie robotique, il va pouvoir vérifier (et nous
avec) que les trois lois ne sont pas si simples que celà à interpréter et,
accessoirement, qu'il va lui falloir sauver le monde.
La première demi-heure du film ne m'a pas convaincu du tout, mais pas
pour les raisons que j'imaginais. Le film est bien fidèle à
l'esprit des textes d'Asimov, et même si on a bien droit par la suite à
une révolution des robots, rien ne va à l'encontre des situations
imaginées par l'écrivain russe. Par contre, le personnage interprété par
Will Smith, en espèce de djeunz à boucle d'oreille qui porte des Converse
(et là, je ne peux pas m'empêcher de m'énerver un bon coup contre les
films qui insérent des espèces de spots de pub pour leurs sponsors comme
celui-ci ; bordel, les gros plans sur les Converse, ils n'ont rien à
foutre là), me semble complètement à côté de la plaque. De plus, son
attitude anti-robot est trop poussée pour être crédible (la scène de
poursuite du robot qui court avec son sac à main m'a semblée
particulièrement grotesque). C'est d'autant plus étrange que le décor
"futuriste mais pas trop" du film m'a convaincu.
Après le premier tiers du film, j'avais donc plus envie de m'enfuir de
la salle que de savoir ce qui allait se passer par la suite. Et puis,
miracle, une fois l'histoire mise en place, l'action se déroulant de
manière assez prévisible (on a parfois l'impression que les effets
spéciaux sont carrément recyclés : l'armée de robots façon Attaque des
clones ou, pire, les robots acrobates qui font furieusement penser à
Spiderman) mais bien rythmée (la légendaire efficacité hollywoodienne à
son meilleur), et les reflexions sur le fonctionnement des robots qui
maintiennent le cerveau du spectateur en éveil font oublier quelques
détails énervants (la trappe pile poil au bon endroit qui permet
miraculeusement aux héros de se frayer chemin vers le gros méchant, qui
bien évidemment est protégée juste assez pour que le combat soit
intéressant mais tourne à l'avantage des gentils ; ah, aussi,
Sonny-les-yeux-bleus est un peu caricatural en robot intelligent, mais
pour le coup, c'est fidèle à Asimov...).
Bref, les points positifs font plus que compenser les défauts que l'on
trouve de toute façon dans quasiment tous les blockbusters. Les acteurs
font leur boulot (et les robots aussi :-) ), et à la fin, on se retrouve à
être passée d'une impression négative à celle d'avoir passé une soirée
agréable. Après tout, le cinéma est là pour nous raconter de belles
histoires et, dans ce domaine, la machine Hollywoodienne nous prouve
régulièrement qu'elle n'a rien perdu de son talent, et ce I,
robot en est un bon exemple.
Roupoil, 8 août 2004.