Allez, entre deux soirées de compète de bridge, on arrive
quand même bien à trouver un peu de temps pour aller au cinéma (peut-être
pas autant que je le voudrais, certes, et je ne parle pas de la pile de
DVD en attente à la maison). D'autant plus que les sorties des films
présentés à Cannes au printemps s'accumulent en automne, comme d'habitude.
Celui-ci a reçu la caméra d'or du meilleur premier film, et il est
l'oeuvre d'un artiste brittanique (hum, pas forcément une très bonne
nouvelle en ce qui me concerne) qui n'a rien à voir avec l'acteur du même
nom.
Le sujet, comme l'indique si subtilement le titre, c'est la faim. Ou
plutôt le grève de la faim. Et plus précisément celle menée par quelques
activistes irlandais en 1981 pour améliorer leurs conditions de détention.
D'ailleurs, le film est plutôt centré sur la détention que sur la grève de
la fin elle-même, qui n'occupe en gros que le dernier quart d'heure du
film. Le personnage central de Bobby Sands n'apparait d'ailleurs pas tout
de suite dans le film.
Commençons par les points positifs : indiscutablement, le sujet est fort
et intéressant, et ce qui nous est montré à l'écran sur les méthodes
employées par la police et les gardiens pour calmer les prisonniers a de
quoi faire réfléchir (ou juste vomir, au choix). Les meilleures scènes du
film sont d'ailleurs sûrement celles où la violence explose de façon
tellement brutale qu'on ne peut pas rester totalement de marbre devant
l'écran. Bon, et puis tout de même, le réalisateur a un sens de l'image
certain. Les flocons de neige c'est beau, ça on le savait déjà, mais les
couloirs plein de pisse, c'était un peu moins évident.
Et pourtant, contrairement à une majorité de la critique et des
spectateurs, je n'ai pas aimé le film. Je ne l'ai pas détesté non plus,
mais je ne l'échangerais pas, au hasard, contre le premier
Mesrine venu (contre le dernier James Bond, peut-être que si,
quand même). Et ce tout simplement parce que cette histoire qui devrait,
en plus d'être superbement atroce, nous remuer au plus profond de
nous-même et nous bouleverser en permanence, m'a simplement laissé
globalement très indifférent. Oui, comme je l'ai dit, certaines scènes
marquent, mais uniquement à cause de leur violence physique. Niveau
émotionnel, rien. Je ne saurais même pas dire précisément pourquoi, mais
peut-être est-ce la trop grande rigueur et froideur formelle du film qui
m'a empêché de réellement rentrer dedans. J'ai admiré l'objet
cinématographique, mais je n'ai commencé à m'attacher au sort de ces
prisonniers qu'au moment où Sands commence sa grève de la faim, et encore
une fois c'est par un biais très physique, la vision d'un corps en grande
souffrance, que MacQueen a pour moi atteint le début du commencement de ce
qui aurait du submerger le film. Quand à la fameuse scène de la discussion
avec le prêtre, elle m'a essentiellement semblé longue et sans grand but
(l'anecdote finale racontée par Bobby sent tellement la facilité...).
Je n'irais pas jusqu'à dire que je me suis vraiment ennuyé devant le film
(il y a toujours quelque chose à observer), mais à la fin de la
projection, j'avais juste l'impression que le soi-disant film coup de
poing avait raté sa cible avec moi. J'irais même jusqu'à dire que, de
façon assez paradoxale, ce film ne restera pas longtemps dans ma
mémoire...
Roupoil, 4 décembre 2008.