Cannes un jour, Cannes toujours, le rythme des sorties
commence à s'accélérer et je poursuis donc mon examen critique des films
de la sélection 2009. Au programme aujourd'hui, un grand habitué des
festivals, avec une comédie sur les à-côtés du célebrissime festival qui
a marqué l'apogée de la culture hippie. J'ai le droit d'être méchant ?
Sur le papier, on se demande un peu ce que vient faire ce film qui a
tout de même tout l'air d'être mineur dans la sélection d'un grand
festival. On a un peu trop l'impression que les sélectionneurs ont juste
fait dans le "pas de risques" en assurant un grand nom, un peu comme
avec Loach et son Looking for Eric (sympatoche, mais limité).
En l'occurence, Ang Lee est, pour une fois, reparti sans prix, mais avec
tout de même une bonne côte auprès de la presse. Au moins, ça devrait me
détendre après l'assez glauque Mary et Max.
Le film, donc, se concentre non pas sur le festival proprement dit (à
aucun moment on ne voit un chanteur sur scène), mais sur le drôle de
destin d'Elliot, jeune homme qui n'arrive pas à se décrocher de ses
parents et de leur hôtel miteux dans la campagne aux alentours de
New-York. Pourtant l'argent manque cruellement, jusqu'au jour où Elliott
décide d'inviter dans son patelin le festival hippie qui a été jeté
d'une bourgade voisine. Sans le savoir, il vient de lancer une énorme
machine, qui lui permettra également de s'émanciper.
Pas de Woodstock donc, finalement ? Oh si, un peu quand même, mais on a
l'impression qu'Ang Lee s'est contenté de nous mettre un petit minimum
syndical et stéréotypé pour marquer le thème (quelques zouaves à poil et
pas mal de fumette), mais en centrant son sujet sur tout autre chose, à
savoir le personnage central d'Elliot, ainsi que ses drôles de parents,
juifs émigrés assez impayables. Au fond, pourquoi pas, si les
personnages en question méritent toute cette attention. De fait, ils ont
un certain charisme, encore augmenté par celui de leurs interprètes,
l'étonnante Imelda Staunton en tête en mémé radine et acariatre.
Ce qui est moins convaincant, c'est tout bonnement l'histoire elle-même,
qui ne décolle jamais au-delà du stade "gentillet". Et quelque part, ce
n'est peut-être pas lui faire un cadeau que de la situer en marge de cet
immense événement que fût Woodstock, car on a un vague sentiment de
frustration à être confiné dans une toute petite histoire au milieu de
la grande. Enfin, pendant près d'une heure et demie, le film réussit
tout de même à être tout à fait regardable, grâce à quelques moments
comiques réussis, et une mise en scène qui essaie de se montrer
inventive et rythme en tout cas suffisamment le propos.
On se demande tout de même un peu où tout cela va nous mener, et ce
d'autant plus que nombre de personnages secondaires sont introduits sans
réel développement. Même l'homosexualité du héros est balancée un peu à
la va-vite, sans analyse ni suivi vraiment cohérent de ses conséquences.
Hélas, sur la dernière demi-heure, ce défaut devient réellement
handicapant dans la mesure où on a fortement l'impression qu'Ang Lee
étire son film à la recherche d'une fin acceptable, en l'écartelant en
fait de plus en plus entre différentes directions dont aucune ne
convainc vraiment. Tout ça pour se terminer franchement en eau de
boudin. Un film définitivement très très mineur, dont on peut se passer
sans grand remords.
Roupoil, 12 octobre 2009.