Oui, je suis allé voir Hostel, en étant
parfaitement conscient de ce que j'allais voir, et oui, pire que ça, j'ai
bien aimé. Bon, ben c'est tout, je dois encore avoir un côté teenager
débile, j'assume. Et pus d'abord, je suis allé voir un vrai film sérieux
juste après (que j'ai trouvé mauvais, j'avoue :-) ).
Nous est donc contée l'histoire de trois jeunes gens (deux américains, un
islandais) un peu niais (enfin, très portés sur les filles et la cannabis,
du moins) qui sont en train de bien s'amuser en vacances à Amsterdam. Mais
une rencontre accidentelle les pousse vers la Slovaquie, dans une auberge
où les filles sont pour le moins faciles. Bien sûr, ça cache quelque
chose.
Comme tout bon film d'horreur, celui-ci réussit à prendre suffisamment le
spectateur par les tripes sur la fin qu'on en oublierait presque le début.
Mais il serait tout de même trop facile de fermer les yeux sur la première
partie, qui semble avoir été scénarisée par un ado boutonneux qui aurait
trop regardé M6 le dimanche soir. Tout est essentiellement prétexte à
montrer des jolies filles à moitié à poil (voire plus...), et les
dialogues volent assez bas. Pourtant, déjà, une certaine singularité
accroche le spectateur : on a l'impression que cette gentille daube a été
mise en boîte par une équipe de pros efficaces, ce qui la distingue du
premier nanar venu. Les acteurs sont quelconques mais collent à peu près
à leur rôle, et surtout la réalisation est plutôt agréable, avec de jolis
plans sur la campagne slovaque (enfin, tchèque plutôt, puisque le film a
été tourné là-bas ; au passage, ouarf pour la vision qu'il donne des pays
de l'Est, et pour le petit scandale que ça a créé) et sur le reste. Ce qui
donne la curieuse impression d'un film qui serait à une improbable
frontière commune au premier et au douzième degré. Une scène comme celle
où l'islandais et la russe chantent "Les yeux noirs" (dans le texte) au
sauna vaut son pesant de cacahuètes.
Mais comme on n'a tout de même pas payé une place de ciné pour voir ça, on
ronge un peu son frein en attendant la suite. On ne sera pas déçus. A
partir du moment où le héros (il n'y a plus qu'un, il est arrivé malheur
aux deux autres) se retrouve dans un complexe indutriel en fait composé de
salles de torture, c'est le bonheur. Ce n'est pas si gore que ça (bon,
certes, il y a des scènes croquignolettes, mais je suis surpris que
certains en parlent comme d'un film repoussant les limites de l'horreur au
cinéma), mais il y a une ambiance assez géniale, et l'action se déroule à
un rythme effréné. On est d'ailleurs déçus que le héros s'en sorte aussi
rapidement, mais bonne surprise, il reste encore quelques scènes qui sont
certainement les meilleures du film, notamment parce que la violence y
arrive de façon inopinée et assez gratuite. S'il y des scènes choquantes
dans le film, ce sont sûrement celles-là plus que celles de torture. La
fin est carrément jouissive pour peu qu'on aime le genre.
Seul léger bémol, le scénario, loin d'être idiot, n'est que très peu
exploité. A croire (et ça vaut pour tout le film) que Roth n'a pas eu le
courage d'assumer le fait qu'il était en train de faire un bon film, et a
fait tout ce qu'il a pu pour rester dans le domaine de la série B.
Dommage, mais même comme cela, il est indiscutablement beaucoup plus
intéressant que le film d'horreur moyen. Pour les amateurs, foncez, pour
les autres, je ne suis pas sûr que ça vous plaira, mais franchement, ça se
tente.
Roupoil, 18 mars 2006.