Que font deux profs fatigués à la fin d'une dure semaine
de boulot (j'en vois qui rigolent au fond, là, vous voulez deux heures de
colle ? En plus, j'ai raiment eu une semaine assez lourde...) ? Ils vont
voir le film qu plus fort potentiel daubesque du moment. On savait à quoi
s'attendre, puisqu'on y est allés après avoir admiré l'inénarrable bande
annonce. Au mieux un film pour ados rigolo, au pire certainement quelques
moments de comique involontaire, ça ne peut pas faire de mal, n'est-ce pas
? Eh bien en fait, Hellphone, c'est encore bien plus que ça !
Pourtant, au premier abord, rien de très neuf sous le soleil : Sid est un
ado vaguement complexé par son manque d'argent et son appareil dentaire,
qui aime le skate et AC/DC et qui rêve de se faire la la bombe du lycée.
Celle-ci sort avec un beau gosse grotesque entouré de gros bras débiles,
et de son côté Sid a un meilleur pote roux qui lui file des tas de bons
conseils. Pour compléter les tableaux, les profs sont des caricatures.
Mais ils ne vont pas embêter Sid longtemps, car celui-ci va bientôt
pouvoir compter sur Hellphone, un portable diabolique et, euh, puissant.
Soyons clairs tout de suite, le film est complètement et consciemment
orienté vers le grotesque, le ridicule, bref le deuxième degré (voire
plus) permanent. Les personnes qui ont essayé de le critiquer comme s'il
s'agissait d'un film sérieux ont de sérieux problèmes de distanciation.
Dès les premières secondes, les habitués du Quartier Latin auront remarqué
que le film est tourné au lycée Henri IV, ce qui en soi est déjà un bon
foutage de gueule. Profitons-en pour glisser un petit reproche, c'est
justement qu'un certain nombre d'allusion risquent de passer totalement
inaperçues par ceux qui n'ont pas eu la chance de vivre dans le cinquième
arrondissement (le Poulet Fritz sur la place du Panthéon, ou le film
d'horreur à l'Action Ecoles, ça ne fait peut-être pas rire tout le monde).
C'est un peu idiot dans le sens où c'est notamment par ce genre de détails
que James Huth montre qu'il est capable de plus que d'aligner les blagues
potaches (lesdites blagues potaches étant d'ailleurs parfois hilarantes
!). Mais on peut au moins espérer que tout le monde remarquera les
nombreuses références cinématographiques (de Gremlins à Terminator) qui
émaillent le film. Pour le reste, ce n'est pas très fin mais c'est plutôt
rigolo. La première moitié est un brin poussive (heureusement, les scènes
au lycée, avec des profs aux confins du ridicule, sont rattrapent le
coup), mais quand on bascule dans l'horreur (très soft d'ailleurs, rien
n'est montré !), ça devient vraiment jouissif. Bien sûr, le happy end est
un peu convenu, mais bon, il fallait bien que les deux tourteraux
finissent par s'embrasser...
Au passage, notons tout de même le jeu assez moyen de la star
Jean-Baptiste Maunier, mais le reste du casting assure plutôt (avec force
roulement d'yeux pour les filles). Côté réalisation, c'est très second
degré aussi ! Huth fait n'importe quoi (des cadrages fréquemment sortis de
nulle part), c'est plutôt rigolo. Et puis la cerise sur le gâteau,
l'apparition hilarante de Jean Dujardin. Non, franchement, ce film était
vraiment fort sympathique. Bon, je mets que 7 à cause de la blague sur les
roux ;-).
Roupoil, 31 mars 2006.