Que faire à Paris un jour de plein soleil, au début des
vacances ? Passer son après-midi dans une salle obscure, bien entendu !
Bon, pour notre défense, il faut admettre que les occasions de voir
Heat sur grand écran ne seront pas forcément légion. Ce film
reste dans l'histoire du septième comme la seule vraie rencontre à l'écran
des monstres sacrés De Niro et Pacino, mais pour être tout à fait honnête,
j'y suis surtout allé pour mesurer la valeur de Mann, que je n'avais pu
apprécier jusque-là que dans son récent (et assez moyen à mon goût)
Deux Flics à Miami.
Le scénario est d'une originalité à toute épreuve : un flic endurci
(Pacino) court après un as du crime (De Niro). Mais comme ça ne suffit pas
tout à fait à faire un film (du moins pas un de 3 heures), nos deux beaux
gosses ont aussi des histoires de coeur : Pacino en est à son troisième
mariage mais c'est pas la fête, alors que De Niro fait l'erreur idiote
pour un gangster de tomber amoureux. Et puis il y aura, bien sûr, des
personnages secondaires torturés, des vilains traitres, des fusillades et
un face-à-face entre les deux légendes.
Vous me sentez légèrement blasé ? Vous avez raison. On m'avais plus ou
moins vanté Heat comme étant un classique incontournable du
polar, et du coup, ne le cachons pas, j'ai été un peu déçu. Pourtant, le
film ne manque pas d'atouts. Déjà, il ose crânement une durée un peu
effrayante, et s'en sort bien de ce point de vue-là : on ne s'ennuie
jamais. Ce qui n'empêche toutefois pas le film de mettre près de deux
heures à vraiment décoller. Non pas que le début du film soit totalement
inintéressant, mais il faut bien admettre qu'on a déjà vu tout ça
trente-six mille fois.
Bien sûr, l'avantage, c'est que c'est dans l'ensemble bien foutu. La
réalisation "sale mais maitrisée" de Mann vaut le coup d'oeil, et la
présence de deux monstres au casting fait son petit effet. Toutefois, je
ne peux m'empêcher de penser que mettre des limites au cabotinage de
Pacino n'aurait pas de mal. Par ailleurs, je trouve la nana qui joue sa
femme carrément à côté de la plaque. Plus généralement, la vie privée du
personnage de Pacino ne passe pas bien. Côté De Niro, c'est un peu mieux,
mais tellement attendu...
A la limite, le personnage le plus touchant du lot, c'est Val Kilmer, qui
fait plus que trouver sa place au milieu des deux italo-américains. Et
puis il y a quelques scènes d'action qui valent le détour ... et qui ont
une certaine tendance à éclipser ce qui était manifestement voulu pour
être LA scène du film, la rencontre au restaurant entre les deux stars.
Finalement, du bon et du moins bon, avec un résultat plutôt positif, mais
pas vraiment à la hauteur de mes espérances. Enfin bon, je ne regrette pas
de l'avoir vu...
Roupoil, 10 avril 2007.