Jusqu'ici, les dates de sortie françaises des
adaptations de la saga Harry Potter au cinéma avaient navigué plus ou
moins aléatoirement entre la fin de l'année et le début des grandes
vacances. Pour ce sixième épisode, on a eu droit aux deux ! D'abord
annoncé pour décembre 2008, puis repoussé au grand dam des fans à l'été
2009, voici donc l'avant-dernier volet qui débarque enfin sur les
écrans. Avant-dernier ? Ou presque, puisque les producteurs, appât du
gain oblige certainement, ont décidé de découper le septième et dernier
livre en deux films. Mais on n'en est pas là, puisqu'il faudra encore
attendre au moins un an et demi avant de voir la suite.
Cette fois, ça y est, tout le monde est au courant, les méchants sont de
retour et on s'organise dans chaque camp pour être le mieux paré avant
l'affrontement final. Côté vilains, le fils Malfoy a été chargé d'une
mission de la plus haute importance, secondé par un Snape toujours aussi
ambigu. Quant aux gentils, Dumbledore devient de plus en plus le mentor
de Harry, l'emmenant dans les méandres du passé de Voldemort.
L'un des problèmes évidents qu'on pouvait deviner pour l'adaptation de
ce sixième livre, c'est qu'il s'agit essentiellement d'un épisode de
transition, où il ne se passe finalement pas grand chose de bien
palpitant, et où le livre mettait énormément l'accent sur le passé de
Voldemort, certes passionnant mais pas forcément le plus facile à faire
passer à l'écran. De fait, les auteurs ont choisi de ne pas accumuler
les flash-backs, et ont donc réduit cette partie à son minimum. De même,
les agissement de l'ordre du Phénix, tout comme dans l'épisode
précédent, sont présentés de façon essentiellement symbolique. Mais
alors, qu'ont-ils mis dans le film, me demanderez-vous ?
Eh bien, de façon assez surprenant, Yates et ses sbires (qui
enchaineront pas moins de quatre films de la saga puisqu'ils restent en
charge pour les deux derniers) ont centré le film sur les amourettes de
nos jeunes héros, transformant la saga fantastique en une sorte de
"Beverly Hills chez les sorciers", sous le regard d'un Dumbledore
paternaliste et taquin. Il y a de quoi craindre le pire ... mais en fait
ce n'est pas si mal fait, et l'humour pas si lourd que ça fait assez
bien passer la durée du film.
J'ai presque envie de dire heureusement, car pour le reste c'est tout de
même bien décevant. Comme pour l'épisode 5, c'est visuel très sombre
(mais beau), mais ça manque encore plus cruellement de dynamisme (et
pour cause, il y a moins d'action dans le scénario à la base), ce qui
fait que quasiment à aucun moment on ne vibre aux aventures de notre
sorcier préféré. Même la scène dans la cave à la fin manque d'intensité.
Pire, l'attaque finale et le fameux meurtre qui la conclut ressemble
plus à une petite ballade dans Hogwarts qu'à un quelconque combat. Bref,
tout cela est assez décevant, et je commence déjà à m'inquiéter pour les
derniers films : dans la mesure où il ne se passe à peu près rien dans
la première moitié du bouquin, on se demande bien quel découpage ils
vont pouvoir nous trouver... Gaffe quand même, car à ce rythme-là les
films ne vont pas tarder à être franchement mauvais.
Roupoil, 5 août 2009.