Retour aux bonnes habitudes pour Harry Potter, avec une
sortie mondiale en décembre comme pour les deux premiers volets. Au vu de
la bande annonce, toujours plus de moyens pour nous en mettre plein les
yeux, et un nouveau réalisateur en la personne de Mike Newell, décidément
très éclectique depuis son succès surprise avec Quatre mariages, un
enterrement. Disposant du meilleur des six tomes parus à ce jour dans
la série (oui, je me suis mis à jour depuis ma critique du troisième
épisode), on attendait beaucoup de lui...
Tout commence, pour ceux qui l'auraient oublié, par l'événement sportif
majeur du petit monde des sorciers : la finale de la coupe du monde de
Quidditch, qui est ici surtout prétexte à une première et terrifiante
apparition publique des gros méchants Death Eaters (nan, j'aime pas la
traduction française, alors je parlerai anglais, pouêt), de retour en
forme depuis que leur maître; Lord Voldemort, semble refaire surface. Mais
cet événement est sans surprise expédié dans le film pour faire place à
celui qui est de fait au coeur du livre : le Tournoi des trois sorciers et
ses terrifiantes épreuves, occasion d'introduire de nouveaux personnages
venus d'horizons divers, et de faire braver une fois de plus à notre cher
Harry des dangers insoupçonnables.
Première constatation en sortant de la séance : deux heures et demie,
c'est bien court ! Les épisodes précédants avaient de plus en plus de mal
à s'insérer dans le format d'un film, c'est sans surprise que celui-ci est
carrément à l'étroit malgré les 150 minutes accordées par le producteur.
Conséquence évidente, certains passages sont expédiés, voire baclés, et/ou
risquent de perdre en clarté pour ceux qui n'ont pas lu le bouquin. La
coupe du monde de Quidditch a presque été sacrifiée, et les révélations
finales se bousculent (oui, certes, dans le livre aussi, mais l'impression
est très différente quand on lit...). Plus généralement, le rythme du film
est un peu bancal, et même carrément haché par moments. On aurait aimé que
Newell passe un peu plus de temps sur les petits détails de la vie à
Hogwarts, qui font tant le charme des bouquins de Rowling, mais on se
contentera ici de quelques pointes d'humour par ailleurs fort bienvenues
(la deuxième partie du bal, énorme).
Ce qui prend beaucoup de temps (un peu trop ?), ce sont les nombreux
morceaux de bravoure occasionnés par le scénario : chacune des trois
épreuves, naturellement, et le combat final dans le cimetière. On ne peut
pas vraiment se plaidre, ceci dit, dans la mesure où toute l'équipe a fort
bien fait son boulot pour que le potterophile de base ne soit pas déçu par
ces moments forts : effets spéciaux impeccables, décors et surtout
personnages (au sens large) superbes, dragons et Voldemort en tête,
réalisation à l'ancienne (ça bouge pas dans tous les sens sans raison)
très agréable, franchement, on admire. Comme en plus les acteurs sont
toujours très convaincants (j'avoue, en bon Roupoil, je me demandais
surtout qui ils allaient dénicher pour jouer Fleur :-) ), le temps passe
extrêmement vite et agréablement.
Mission accomplie donc pour Newell, même s'il n'a pas apporté autant de
fraîcheur que Cuaron à l'épisode précédent. Curieux paradoxe de ce genre
d'adaptation tout de même : plutôt que de constituer une substitution au
livre, le film ne sera certainement pleinement apprécié que par ceux qui
ont déjà lu le bouquin... Ah, et une dernière petite critique :
rendez-nous John Williams pour le cinquième volet !
Roupoil, 19 décembre 2005.