Pique-nique à Hanging Rock,

film de Peter Weir (1975)



Avis général : 5/10
:-) Une atmopshère de mystère plutôt surprenante, renforcée par une lumière et une musique adaptées.
:-( Un scénario au fond très vide et pas vraiment creusé.

Vous ne le savez peut-être pas, mais Peter Weir, avant d'émigrer à Hollywood et de réaliser un certain nombre de classiques en tête desquels figure l'assez surestimé Cercle des poètes disparus, fût l'homme qui fit découvrir le cinéma des antipodes au monde entier avec son deuxième film, ce Pique-nique à Hanging Rock qui n'a pas grand chose à voir avec les canons du film américain puisqu'il est resté culte dans le genre "contemplatif éthéré". C'est même, dit-on, l'une des pricipales influences ayant guidé Sofia Coppola pour son Virgin suicides. Voilà qui ne peut pas être mauvais !

Un beau jour d'été 1900 (eh oui, la Saint-Valentin tombe en plein été en Australie), les jeunes filles de l'institution Appeyard, modèle de pension ultra coincée dirigée d'une main de fer par une mèmère hyper rigide, partent pique-niquer près d'Hanging Rock, curiosité géologique locale, en compagnie de deux de leurs enseignantes. En début d'après-midi, quatre d'entre elles vont admirer le caillou d'un peu plus près. Une seule revient, totalement terrorisée, et ce qui s'est passé au sommet du rocher tient du mystère impénétrable.

Dire que ce film joue en effet énormément sur son atmosphère serait un énormé euphémisme. Musique planante à la flûte de pan, plans noyés de lumière sur les paysages australiens, ralentis subtils sur la chevelure d'une héroïne blonde à souhait (de fait, Virgin suicides tiens quasiment de la copie pure et simple de ce point de vue) et citations au sens nébuleux, on nous met la totale et même un peu plus pour nous mettre dans l'ambiance. Ca pourrait même devenir franchement tarte si ce n'était finalement fait avec une telle bonne foi un brin naïve qu'on admet que l'auteur était pris dans son trip (la trentaine d'années passées depuis la sortie du film ne lui ont d'ailleurs pas nui de ce point de vue, il a un petit cachet rétro pas désagréable).

En tout cas, les fans de scénarios millimétrés et d'action rythmée en seront pour leurs frais, puisque pendant à peu près la moitié du film (jusqu'à la disparition), il ne se passe essentiellement rien. C'est pourtant, de loin, la moitié la plus intéressante. Ensuite, Weir s'attache en effet à tenter d'analyser les réactions de différents personnages face au mystère, mais tout en gardant un penchant pour le non-dit et l'ellipse qui n'a plus vraiment lieu d'être. Du coup, de thèmes à peine effleurés (les relations entre l'aristo et son domestique) en longueurs inutiles, on finit par se demander où tout cela veut en venir, et la dernière demi-heure n'est vraiment pas des plus convaincantes.

Encore plus surprenant peut-être, les relations amoureuses, qui auraient pu et sûrement du être un thème majeur du film, sont en permanence sous-jacentes, mais tellement peu explicitées qu'elles finissent par se noyer dans le soleil australien. Une réussite esthétique donc, mais pour le reste, je suis très mitigé. Trop de mystère tue le mystère, parfois...

Roupoil, 25 août 2009.



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