Hair high,

film de Bill Plympton (2004)



Avis général : 8/10
Pourcentage gozu : 2%
:-) L'inventivité délirante de Plympton, l'humour qui fait souvent mouche.
:-( C'est parfois un peu lourd dans le mauvais goût assumé. Le dernier quart d'heure n'est pas à la hauteur du reste.

Une découverte cinématographique tient parfois à fort peu de chose. Un gros coup de fatigue pour le premier jour des vacances, une coupure de courant qui empêche de faire quoi que ce soit dans mon lieu de débauche préféré, et hop je vais m'enfermer dans un ciné, en prenant le premier film qui passe (bon, disons qu'il faut comprendre film comme distinct de daube, tout de même). Allez, admettons que j'en avais quand même entendu parler avant :-).

Commençons par préciser pour ceux qui ne connaissent pas qu'il s'agit de dessin animé, mais pas vraiment du genre de ceux où on accompagne son cousin de cinq ans. Ça commence d'ailleurs par un enculage de mouche (au sens propre) dans un bar. À la suite quoi Jojo, le tenancier du lieu, raconte aux deux tourteraux égarés devant son comptoir l'histoire de Spud, jeune premier débarquant dans le lycée local, et qui finira par piquer la très sophistiquée Cherrie à Rod, le caïd du coin.

L'histoire est assez banale, mais le traitement que lui inflige Plympton beaucoup moins ! Je vais utiliser un anglicisme pour décrire en un seul mot l'atmosphère globale du film, car c'est celui qui me vient à l'esprit  : c'est trash. Souvent gore, à grands coups de boyaux, arrachage d'ongles et bêbêtes en tout genre, souvent quelque chose de répugnant à un coin ou à un autre de l'écran, l'inventivité par ailleurs fabuleuse de Plympton n'est peut-être pas à mettre entre toutes les mains. Elle demande aussi un certain temps d'adaptation. Avec ses dessins faits main et les libertés prises dans le traitement de l'image, on est loin de la lissité de beaucoup d'oeuvres animées. Mais passées quelques minutes où se demande un peu où tout cela va nous mener, on s'y fait. Plus gênant, il semblerait qu'il faille aussi un certain temps pour ressortir de l'univers de Plympton, car il nous sert dans les dernières minutes un épilogue un peu mou qui ferait presque paraitre le film long alors qu'il ne dure qu'un peu moins d'une heure vingt.

C'est un peu dommage, mais largement compensé par l'immense plaisir procuré par les trois quarts d'heure au coeur du film. C'est bien simple, je ne pensais même pas qu'on puisse faire dans le domaine du dessin animé quelque chose d'aussi différent de tout ce qu'on voit ailleurs (oui, Miyazaki aussi sait être très inventif, mais ça reste tout de même très classique comparé à l'ovni de Plympton). L'invention est constante, il a des idées pratiquement à toutes les planches, c'est impressionnant. Dans un tel foisonnement, naturellement, on ne peut pas éviter un certain déchet (le bouchon est peut-être poussé un peu loin par moments, par exemple lors de la longue séquence de folie de la mascotte-poulet), mais on pardonne bien volontiers car il reste toujours quelque chose de réjouissant à se mettre sous la dent. L'invention graphique est fascinante, l'utilisation de la musique très efficace, l'humour franchement hilarant, et même les rares scènes romantiques perdues au milieu d'une électrocution de grenouille ou d'une poursuite en voiture délirante font leur petit effet.

Foncez donc voir Plympton en action, on peut certes trouver des défauts à ce film, mais ses fantastiques qualités suffisent à justifier selon moi de le mettre parmi les incontournables de ce début d'année. Un des films les plus novateurs qu'il m'ait été donné de voir depuis un certain temps (vous aurez compris que je n'ai pas vu les oeuvres précédentes du monsieur).

Roupoil, 24 avril 2005.



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