Nanni Moretti, c'est un peu à lui tout seul la
personnification du cinéma indépendant italien actuel. Cinéma d'auteur tout
en étant populaire, que rêver de mieux ? Et pourtant, je n'avais jamais
gouté à son cinéma, et ce malgré les conseils insistants d'un Denis qui se
reconnaitra. Peut-être avais-je peur d'un peu trop de politique. Pour cette
fois-ci, c'est plutôt de religion qu'il est question, comme le titre l'indique.
Le conclave est donc réuni pour élire un nouveau pape, puisque le précédent
a eu la mauvaise idée de mourir. Trois candidats sont favoris des sondages
mais, comme souvent, les sondages se gourrent (faut dire que le système de
vote n'aide pas) et c'est un illustre inconnu, le gentillet Melville, qui
est élu. Il semble ne pas bien réaliser ce qui lui arrive jusqu'au moment
où il doit se présenter au balcon et craque complètement, courant se réfugier
dans ses appartements. Le Vatican en panique amène un psy qui n'arrange rien.
Pire, le pape se carapate dans Rome pour prendre le temps de réfléchir.
Voilà un pitch qui, mine de rien, a de la gueule ! Et de fait, tout la
séquence initiale, sans être tordante, amuse et laisse entrevoir de belles
perspectives, que l'arrivée du psy qui fout le bazar au Vatican pourrait
encore embellir. En plus, un face-à-face Picolli-Moretti pourrait être sympa
à observer. Mais ce face-à-face n'aura pas lieu, puisque le pape s'enfuit
alors que le psy reste enfermé avec les cardinaux, cherchant à s'occuper au
point de les faire participer à un tournoi de volley-ball (séquence assez
marrante ma foi).
On alterne alors entre scènes au Vatican (un peu répétitives mais dans
l'ensemble réussies) et pérégrinations de Picolli dans Rome, à la recherche
de sa passion junévile pour le théâtre. C'est souvent étonnant, parfois
intrigant, mais jamais réellement passionnant, ni d'ailleurs très drole.
Et quand au final, après avoir pas mal tourné en rond, on débouche sur une
conclusion pas franchement emballante, on se demande sincèrement si Moretti
a vraiment creusé suffisamment son beau sujet.
Pas franchement centré sur la religion (ceux qui s'attendent à une critique
acide seront déçus), pas grand chose à dire sur la psychanalyse, ni sur le
théâtre, le film, à l'image de son personnage principal, déambule sans bien
savoir où le mèneront ses pas, pour revenir à peu de choses près à son point
de départ. Pas vraiment mauvais donc, mais quand même une assez sérieuse
déception.
Roupoil, 19 septembre 2011.