Ca m'apprendra à aller voir un film dont je ne sais rien
si ce n'est une bande-annonce un peu bizarre mais plutôt attirante, film
qui plus est distribué dans une seule salle à Paris, ce qui n'augure rien
de très bon. De fait, je ne savais pas du tout ce qui m'attendait en
rentrant dans la salle, mais je n'étais pas vraiment préparé à ça !
Inutile d'essayer de résumer Gozu, ce serait risquer de passer auprès du
lecteur pour aussi cinglé que Takashi Miike, réalisateur dudit film qui a
clairement du abuser de la moquette de son appartement pour nous pondre un
ovni pareil. En gros, c'est l'histoire d'un yakuza à la recherche d'un de
ses collègues qui a pété un cable (pensez, il écrabouille les chihuahuas
contre les vitres car il les croit dangereux pour les yakusas) et qu'il a
tué quelques heures plus tôt (ben oui, mais le cadavre a disparu). Au
cours de son périple, il fera moult rencontres bizarres (et le mot est
vraiment très faible pour décrire ce qu'on voit à l'écran) prétextes à des
scènes aux confins du surréalisme. C'est souvent scabreux, ça se veut
fréquemment drôle, moi ça m'a paru pendant presque toute la durée du film
mortellement chiant (en tout cas, ce qui est sûr, c'est que c'est
imaginatif et complètement délirant). Sur la fin, pourtant, ça devient
tellement n'importe quoi que j'ai fini par me laisser emporter et me
surprendre à rire pendant une ou deux scènes. Pas assez pour faire passer
mon jugement du côté positif, mais peut-être suffisant pour me faire dire
que Gozu n'est pas seulement une accumulation vaine d'effets foirés et de
scènes inutiles.
En tout cas, Gozu m'a convaincu de la nécessité d'un nouveau type de
notation pour certains types de films. On ne peut pas noter Gozu comme on
le ferait avec un autre film, Gozu est trop à part, on ne peut le comparer
à rien. J'ajouterai donc désormais un pourcentage gozu pour les films trop
conceptuels ne rentrant pas dans mes catégories de jugement habituelles.
Dans cette opique, Gozu mérite clairement une note maximale : un scénario
complètement inexistant, une succession de scènes incompréhensibles, une
obsession pour le lait perplexexifiante (ça existe sûrement pas comme mot,
mais bon), enfin bref, si vous voulez faire partie des happy fews qui
auront la chance (si c'en est une) de compter à leur vocabulaire un
nouveau mot (gozu) pour décrire les phénomènes fortement étranges, vous
pouvez tenter l'expérience, mais c'est à vos risques et périls, je ne suis
pas sûr qu'on puisse sortir tout à fait intact d'une telle
projection...
Roupoil, 14 juillet 2004.