Gomorra,

film de Matteo Garrone (2008)



Avis général : 4/10
:-) Quelques scènes prenantes sur la fin. Une vision pas inintéressante du quotidien quand on vit dans le coin.
:-( Pas assez précis pour être un bon docu, pas assez captivant pour être un bon film.

Hein, quoi, encore un polar plein de mafieux ? Non mais c'est on, on en a déjà vu des dizaines, ça suffit ! Oui, mais non, car celui-ci est d'un style différent, et suffisamment novateur pour avoir tapé dans l'oeil de la critique en général et du jury de Cannes en particulier. Plus réaliste que ses cousins américains, ce serait un choc d'un nouveau genre. Ma foi, allons voir...

Le film se déroule en grande partie à Naples, lieu d'ancrage d'une des plus puissantes mafias que compte l'Italie, la Camorra, et se propose de suivre l'itinéraire de quelques habitants de la ville confrontés malgré eux à cet encombrant voisinage. Il y a ceux qui y ont trouvé un boulot peut-être pas très honnête mais qu'ils espèrent sans risque, et ceux qui ne rêvent que de rejoindre à leur tour un des clans qui dominent la ville. Rares sont ceux qui essaient de rester indépendants, et pas sûr que ce soit dans leur intérêt...

Une fois passée une scène d'introduction qui rappelle les classiques de Scorsese en plus cheap (et dont on continue à se demander ce qu'elle faisait là une fois le film fini), on entre dans le vif du sujet et le style hyper réaliste du film. Images moches, presque pas de musiques, acteurs plus ou moins amateurs, et les (rares) explosions de violence, loin d'être stylisées, sont d'une très sobre brutalité. Bref, si vous comptez en prendre plein les yeux, c'est raté, le but c'est de faire "informatif".

Après tout, pourquoi pas, mais le problème du film est à mon humble avis qu'il n'arrive à convaincre vraiment ni du côté documentaire, ni du côté fiction. Il manque un contexte précis et des informations pour pouvoir donner une véritable vision de ce que représente la Mafia dans la région, et en même temps on a bien du mal à acccrocher à un récit qui manque de fluidité, d'ampleur, et tout bonnement de personnages attachants. Pourquoi d'ailleurs avoir mêlé ces quatre ou cinq histoires sans grand rapport, pas suffisamment creusées pour qu'on y rentre totalement ? Alors oui, certes, le constat est édifiant, mais va-t-il vraiment surprendre les moins naïfs d'entre nous ?

Pourtant, le film ne manque pas de style et réussit même quelques scènes marquantes, surtout dans la dernière demi-heure. On est d'ailleurs presque déçus que ça s'arrête, par ailleurs de façon assez étrange alors que certaines histoires sont laissées en suspens. Et on se serait franchement bien passés des quelques cartons moralisateurs du générique, avec ses chiffres hors contexte censés nous sensibiliser et qui personnellement m'horripilent. Finalement, on se demande si, plus que d'un concept mal exploité, il ne s'agit pas tout simplement d'un mauvais concept... Une forme plutôt intéressante, mais un fond qui, malgré toutes les bonnes intentions, ne suffit pas à faire un bon film.

Roupoil, 15 août 2008.



Retour à ma page cinema