Comme il n'y a rien de bon au ciné en ce moment, j'ai le temps de voir ou
revoir quelques-uns des films quicommencent à s'accumuler sur les étagères
chez moi. Au programme ce soir, un petit film d'anticipation que j'ai
acheté sur un coup de tête, et dont les avis que j'en ai reçus étaient
plutôt divergents. Reste à me forger le mien.
Pour ceux qui, comme moi, n'auraient pas compris toutes les subtilités du
titre, sachez que le nom Gattaca n'a pas été choisi au hasard, il est
composé uniquement des lettres GTAC, ce qui devrait éveiller les soupçons
de ceux qui ont étudié un minimum de génétique dans leur jeunesse. De
génétique, il est donc question ici, dans un futur pas si lointain où tout
se joue à la naissance. Jérome Morrow avait tout pour lui, mais un
accident le laisse coincé sur un fauteuil roulant. Il offre ainsi sa
chance à Vincent, un enfant naturel condamné par une faiblesse cardiaque,
mais à la rage de vivre intacte.
Très bon point de départ que la description d'une société où l'eugénisme
est devenu la règle et où l'avenir d'un enfant est joué dès la première
analyse sanguine. Restai à voir ce que les scénaristes alaient en faire.
Sans grande surprise, ils ont un peu camouflé la réflexion derrière le
récit d'une destinée hors du commun et une apologie du dépassement de soi.
C'est un peu dommage, et ça devient même par moments très voyant (le fait
que le policier soit le frère du héros, qui n'est plus une surprise pour
personne au moment où on l'apprend tant cela suit la logique du récit, est
tout de même un peu dur à avaler). Le film y perd certainement en
crédibilité (ben non, on ne peut pas croire que dans une société où on
traque le moindre cil égaré, un mèdecin puisse faire monter tranquillement
un imposteur dans une navette spatiale), mais une fois admis qu'on est
dans le style hollywoodien commercial, il possède bien d'autres qualités.
Déjà, l'univers recréé par Niccol (dont c'était le premier film) est assez
cohérent, et esthétiquement réussi. Pas de gros effets spéciaux voyants,
c'est assez sobre, mais efficace. Ca joue beaucoup dans l'aceptation par
le spectateur des petites incohérences déjà signalées. Et puis il y a les
acteurs, notamment le duo Ethan Hawke/Jude Law, tous les deux très bons.
Ils donnent tellement chair à leurs personnages que la réflexion, si ele
n'est que rarement engagée directement dans le film, vient naturellement à
l'esprit du spectateur. Ajoutez à cela une ou deux scènes vraiment bien
foutue (la montée d'escalier du paralytique est peut-être la plus ntense
du film) et vous obtenez un résultat très solide.
Tout cela ne suffira peut-être pas à convaincre ceux qui attendaient de ce
film autre chose qu'un film de science-fiction de plus, mais reste
largement au-dessus d'oeuvres aux thèmes similaires de la même période
(par exemple le peu subtil The Island, qui avait pourtant un
scénario aussi intéressant, mais qui l'a noyé dans l'action, tout le
contraire de ce qu'on a ici). En ce qui me concerne, une satisaction.
Roupoil, 1 avril 2006.