Pour finir une série Viêtnam à la maison ces dernières
semaines (après Apocalypse now et Voyage au bout de
l'enfer, dont la critique arrive incessament sous peu), je ne
pouvais pas faire moins que de rendre une nouvelle fois hommage au talent
mulriforme du grand Stanley. Vous vous en doutez, je vais une fois de plus
être assez enthousiaste :-), mais essayons d'être objectif et de nous
concentrer sur le film proprement dit.
Peut-être pour nous surprendre, une grosse première partie du film nous
plonge dans un endroit qui n'est pas loin d'être un enfer, mais qui est
pourtant bien éliogné de la jungle viêtnamienne : le camp d'entraînement
des Marines à Parris Island. Le sergent Hartman y passe le plus clair de
son temps à insulter et humulier ses recrues pour les former à leur boulot
de tueur sans pitié. Si certains n'hésitent pas à lui tenir tête (le
personnage principal y gagnera son surnom de Guignol), pour l'engagé
Baleine, un peu benêt et quelque kilos en trop, ça ne tarde pas à devenir
insupportable.
Toute la partie qui se situe dans le camp est magistrale. Lee Ermey,
véritable ancien instructeur, y joue les sadiques avec une conviction
telle qu'on ne peut s'empêcher de rigoler à la première vision devant
l'étendue de son vocabulaire en matière d'insultes (pour ceux qui veulent
enrichir leur vocabulaire anglais dans ce domaine, c'est le moment...).
Les images d'entraînement sont superbes (de ce point de vue, le film porte
beaucoup mieux son âge que Shining, le précédent Kubrick), et
l'enchainement des scènes, entre ironie et tragédie, parfait.
Du coup, et c'est sûrement le principal point faible du film, quand ce
film dans le film s'achève brutalement et qu'on se retrouve transporté au
Viêtnam, il y a un certain relâchement. Certes, la vision de la presse
militaire donnée dans la demi-heure qui suit est assez croustillante,
mais on a un peu l'impression de faire du sur-place. Kubrick aurait
peut-être mieux fait d'abréger un peu la transition et de revenir dans le
vif du sujet plus vite.
Car il n'a tout de même pas dit son dernier mot, et la dernière demi-heure
nous montre (enfin) le coeur des combats. Drôles de combats contre un
ennemi invisible, dans une guerre où les soldats ne savent pas bien ce
qu'ils sont venus faire, et où le principal objectif semble être de sauver
sa peau. La scène finale de chasse au sniper est certainement l'une des
plus belles scènes de guerre jamais filmées. On ressent pleinement la peur
et l'incertitude de ces hommes perdus sans ordres précis dans un conflit
qui n'est pas le leur, où le coeur et l'amitié viennet finalement
remplacer tous les principes appris lors de la formation.
Le message poeut paraitre simpliste, et de fait le film ne possède pas la
force d'un Apocalypse now, mais sa singularité et l'efficacité de
sa réalisation l'amènent tout de même à la heuteur des plus grands films
de guerre, et des autres chefs-d'oeuvre de Kubrick. C'est déjà gage d'un
grand moment de cinéma.
Roupoil, 29 mai 2005.