Allez, un petit film indé américain de temps en temps, ça
ne fait pas de mal non ? En plus celui-ci a été multiplement primé et
arrive avec une bonne réputation derrière lui (vous me direz, ceux qui
n'ont pas bonne réputation ont peu de chances d'arriver jusque chez nous).
Et puis bon, il avait un avantage énorme pour nous le jour où on l'a vu,
c'est que l'horaire de la séance collait à merveille avec mon emploi du
temps du jour.
Le film nous propose de suivre le quotidien de Ray, une femme entre deux
âges qui vit avec ses deux fils (5 et 15 ans) depuis que son mari s'est
enfui avec les maigres économies de la famille. Ca ne va pas très fort
pour la petite famille, qui rêvait d'une nouvelles maison mais en est
réduite à manger du pop-corn à tous les repas. Mais Ray va trouver une
source de revenus inattendue en profitant de la situation géographique de
sa résidence : à deux pas de la frontière canadienne, et en bordure d'une
réserve Mohawk. Idéal pour faire passer en douce aux States quelques
clandestins via un petit raccourci sur le fleuve gelé (d'où le titre).
Toute la première partie de l'intrigue, mise en place des protagonistes,
de l'intrigue et plus généralement de l'ambiance du film, est assez
correcte. Ce n'est pas vraiment d'une originalité folle ni d'une recherche
(esthétique ou autre) très poussée, mais ça se laisse regarder, et le
casting bien choisi suffit à nous faire rentrer dans cette petite famille
touchante dans sa détresse.On se dit que ces histoires de passages
clandestins ne sont au fond qu'un prétexte pour nous dersser le portait
d'une "face cachée de l'Amérique" qui reste assez peu représentée au
cinéma. On a notamment droit à un personnage d'indienne assez intéressant.
Mais en fait, on se trompe (un peu), dans la mesure où plus le film
avance, plus il se concentre sur ces histoires de passages de frontière.
Ce n'est pas vraiment une idée brillante dans la mesure où les péripéties
qui accompagnent les voyages des deux héroïnes, en fait de rythmer le film
façon thriller comme elles sont manifestement destinées à le faire, ne
font qu'aligner de gentils clichés (les pakis poseurs de bombes, ah mais
en fait non pas du tout ils sont gentils, c'est un peu gros), avant de
sombrer sur la fin dans le très prévisible (et si on se faisait un dernier
petit voyage, hein ? Y a pas de raison qu'il se passe plus mal que les
autres, n'est-ce pas ?), puis de virer au pas crédible un peu grotesque
lors de ce qui devrait être le sommet dramatique et émotionnel du film.
De fait, avec son sujet et ses acteurs, le film aurait certainement pu
être poignant. Il ne l'est pas vraiment, se contentant d'être
suffisamment prenant pour qu'on ne s'ennuie pas. On ne ressort pas
vraiment déçus de la projection, mais il n'y a sûrement pas de quoi
s'enthousiasmer non plus. Ah et puis quand même, les canadiens qui disent
trois mots de français à un moment ont failli me faire exploser de rire,
ça n'aurait pas fait très sérieux vu le ton plutôt dépressif de
l'ensemble...
Roupoil, 24 janvier 2009.